Les violences conjugales ont augmenté de 10 % en 2020. Le gouvernement annonce régulariser les femmes sans papier victimes de violences, augmenter le nombre d’hébergements, de téléphones grave danger et instaurer une semaine de sensibilisation à l’école.
Quelques jours avant le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes, le ministère de l’Intérieur a diffusé son rapport statistique pour l’année 2020. « 125 victimes tuées par leur partenaire », dont 102 femmes. Ces chiffres sont en baisse par rapport à ceux de 2019, qui comptait 173 décès dont 146 femmes.
Mais pour le reste des violences, les chiffres sont en hausse de 10 %. « En France, hors homicides, les forces de sécurité ont enregistré 159 400 victimes de violences conjugales commises par leur partenaire (soit une hausse de 10 % sur un an), dont 139 200 femmes. Il s’agit majoritairement, comme en 2019, de violences physiques volontaires ayant entraîné ou non une incapacité totale de travail » indique le ministère, qui donne des précisions géographiques. L’Aveyron enregistre le chiffre le plus faible : 2,7 femmes victimes âgées de 20 ans ou plus pour 1 000 habitantes. La Seine-Saint-Denis et la Guyane sont les deux départements de France les plus touchés avec respectivement 9,2 et 10,4 femmes victimes âgées de 20 ans ou plus pour 1 000 habitantes.
Après l’annonce de ces chiffres, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pris un engagement sur France Inter : il va «demander aux préfets la régularisation des femmes qui se trouveraient en France en situation irrégulière, et dont il est avéré qu’elles sont victimes de violences conjugales » afin qu’elles ne redoutent plus d’être expulsées si elles veulent déposer une plainte dans un commissariat, une brigade de gendarmerie, ou saisir le procureur de la République. L’instruction sera donnée dans les jours qui viennent aux préfets, policiers et gendarmes a assuré le ministre.
Le premier ministre Jean Castex a annoncé de nouvelles places d’hébegement pour les victimes de violence conjugale, «1000 nouvelles places d’hébergement seront ouvertes en 2022, avec un financement équivalent à celui prévu en 2021 afin de permettre un accompagnement de qualité», a indiqué Matignon. Ce qui devrait porter à 9000 le nombre de places « dédiées à l’accueil des femmes victimes de violences fin 2022». Et 5000 «téléphones grave danger» devraient être rendus disponibles en 2022.
Le gouvernement annonce aussi des mesures de prévention : une « semaine de l’égalité entre les filles et les garçons (…) dès l’année prochaine à l’école la semaine du 8 mars », journée Internationale des Droits des femmes. « Une semaine permettra aux enseignants et aux élèves de se mobiliser autour de projets forts sur l’égalité entre les filles et les garçons, et d’en appréhender les différentes facettes », poursuit Matignon. Et ce sera au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, d’en détailler « les modalités et le contenu » . Un ministre qui semble davantage préoccupé par ce qu’il appelle le « wokisme» que par les discriminations et le harcèlement en milieu scolaire (lire : « Iel », « woke » et le ministre de l’Education nationale)
Élisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, annonce qu’elle « a pris l’initiative de réserver dès à présent des logements au sein du village olympique. Ils pourront être mis à disposition des femmes victimes de violences, à l’issue des jeux olympiques et paralympiques de 2024 ».
Des engagements encore loin des demandes des associations féministes qui estiment à un milliard d’euros les investissements nécessaires pour lutter contre la violence machiste.