Selon une enquête publiée jeudi 2 décembre par le ministère du Travail, les mères de jeunes enfants se sentent tout particulièrement débordées, ce qui témoigne de la difficile conciliation entre travail et vie familiale. Même si les femmes occupent bien moins que les hommes des postes d’encadrement.
Il ne s’agit même pas du « plafond de verre » qui limite l’accès des femmes aux plus haut postes de l’entreprise. Dans l’ensemble des « postes à responsabilité », qui concernent pas moins de 30% des salariés du privé (1), les inégalités entre hommes et femmes sont flagrantes. L’enquête de la DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail) le relève : « Qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, qualifiés ou non, les hommes ont plus souvent des postes de responsabilité hiérarchique ». Presque deux fois plus : 35 % des hommes, contre 19 % des femmes, encadrent d’autres personnes.
Et même dans les métiers les plus féminisés, les hommes commandent davantage. En effet, même si l’entreprise compte plus de deux tiers de femmes parmi ses effectifs salariés, les responsables hiérarchiques sont des hommes dans plus de la moitié des cas (56%).
Les femmes ne se voient pas seulement confier moins de responsabilités. Quand elles encadrent, elles ont alors « moins de salariés sous leurs ordres que les chefs hommes ». C’est particulièrement vrai pour la catégorie supérieure des « cadres encadrant » : 66 % des femmes encadrent moins de cinq salariés, contre 37 % des hommes.
La responsabilité d’encadrement est un « facteur qui contribue fortement au sentiment d’être débordé », note l’enquête. Et pourtant, 32% des femmes déclarent rencontrer au moins une fois par semaine « dans leur travail des moments où (elles ont) l’impression de ne pas pouvoir faire face ou d’être débordées ». Cette impression, les hommes ne sont que 26% à la ressentir.
Les femmes aussi, lorsqu’elles sont célibataires. C’est donc « surtout leur situation familiale qui explique » ce sentiment, relève l’enquête. Autrement dit, les effets de la difficile conciliation entre travail et vie de famille, surtout avec de jeunes enfants : « Les femmes ayant un enfant de moins de douze ans se sentent beaucoup plus souvent débordées dans leur travail, qu’elles vivent seules ou en couple. » En revanche, « la situation familiale des hommes n’influe guère sur ce sentiment. »
Un autre facteur devrait pourtant venir minorer le sentiment qu’ont les femmes d’être débordées : des horaires moins contraignants « Ainsi, 27 % des femmes ont pu choisir leurs horaires de travail contre 19 % des hommes », note la DARES. « Les hommes travaillent aussi plus souvent le dimanche ou la nuit, même si les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler de nuit ou le soir ».
Ainsi, les femmes occupent « en moyenne des emplois leur permettant de mieux concilier leur vie familiale et professionnelle que les hommes ». Reste à voir ce que reflète cette situation. Et là, l’enquête ne tranche pas : elle peut « être le reflet d’une prise en compte dans les horaires de travail des contraintes supplémentaires auxquelles les femmes doivent faire face ; mais il se peut également que ces emplois soient préférentiellement choisis par des femmes parce qu’ils permettent une meilleure conciliation. »
(1) L’enquête repose sur les interviews de 14 369 salariés tirés au sort en 2005 et encore présents en 2006 dans des entreprises de 20 salariés ou plus du secteur privé.