Katy Perry et cinq femmes riches ont fait du tourisme spatial. L’organisateur du vol de 11 minutes veut faire croire que la démarche était féministe pour masquer l’aberration écologique.
Le 14 avril, une chanteuse, une journaliste, une réalisatrice, une scientifique de la NASA, une représentante d’une ONG et la fiancée du milliardaire Jeff Bezos, patron d’Amazon, ont été propulsées à plus de 100 kilomètres de la planète Terre durant 11 minutes.
C’était le premier vol spatial entièrement féminin depuis plus de 60 ans. Un vol très médiatisé pour permettre à Blue Origin, la société de Jeff Bezos, de vendre du tourisme spatial aux ultra-riches. Ce 11ème vol touristique était exclusivement filmé par la chaîne web de la Blue Origin.
Ni féministe…
L’opération de communication a prétendu que la démarche était féministe. La chanteuse Katy Perry a même commenté son vol en disant que les femmes devaient « occuper l’espace » comme le conseillent souvent les féministes. « Le plus important, c’est de créer de l’espace pour les prochaines femmes, montrer que les femmes doivent occuper l’espace » a-t-elle déclaré. Cet équipage 100% féminin disait vouloir « encourager les femmes à s’engager dans l’exploration spatiale » alors que 12% des spationautes sont des femmes.
Pas sûr que la saturation d’ambiance glamour produise un tel effet. Blue Origin a produit des images de ces femmes au brushing impeccable ou encore des discours comme celui de Katy Perry, une pâquerette à la main, déclamant avoir pu « apprécier ce monde merveilleux que l’on peut voir de là-haut » entre autres platitudes…
Et Jeff Bezos, qui a financé la campagne de Donald Trump et stoppé les programmes « diversité et inclusion » de ses entreprises, ne peut vraiment pas se targuer d’encourager le féminisme.
…Ni « éco-responsable »
Mais surtout, Blue Origin est passé à côté d’un autre combat féministe : l’écologie.
La démarche se voulait « éco-responsable »… Les chiffres alignés de toutes parts ont montré que c’était au contraire une aberration écologique. Selon le site spécialiste du développement durable TreeHugger, « La quantité de CO2 émise à chaque lancement de fusée s’élève à 93 tonnes. » Chacune des six passagères serait donc responsable de l’émission de 15,5 tonnes de CO₂. Or, pour ne pas dépasser 1,5 degré Celsius de réchauffement, il faudrait limiter les émissions de CO2 à 2 tonnes par an et par personne. Les passagères de ces vols en ont émis huit fois plus, en quelques minutes…
Cécile Duflot, ex ministre, directrice d’Oxfam France, a fait un autre calcul : « 429 tonnes de CO2 par passager soit un AR Paris-Marseille par jour en TGV pendant… 345 ans !» écrit-elle sur LinkesIn.
Utiliser des femmes pour porter un message habituellement porté par des hommes ultra-riches qui se moquent de détruire la planète… La ficelle est énorme.