Si le pape François a permis de faire évoluer la place des femmes au sein de l’Église catholique, elles n’ont toujours pas le droit de devenir prêtre. Mais certaines transgressent l’interdiction et remettent en cause ce dogme profondément ancré au Vatican.
Ce lundi 21 avril 2025, le pape François est mort à 88 ans. Durant ses douze ans de pontificat, la plus haute figure de l’Église catholique a été célébrée pour avoir été un réformateur en matière d’écologie et d’immigration… Mais pas réformateur au point d’accorder aux femmes la possibilité de devenir prêtre.
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La prêtrise, la chasse gardée du boys’ club
Le pape François s’est toujours prononcé en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Dieu n’a pas créé l’homme puis un chien pour le divertir. Non, il a créé deux êtres égaux : l’homme et la femme », déclare-t-il lors d’une conférence de presse en 2022.
Depuis 2013, il a fait évoluer la place des femmes dans l’Église. Une vingtaine de femmes ont été nommées à des postes clés au Vatican auparavant réservés aux hommes. En 2021, il publie la lettre apostolique Spiritus Domini, qui modifie le droit canonique permettant ainsi aux femmes d’être instituées comme lectrices et acolytes. La même année, Alessandra Smerilli devient la première femme secrétaire d’un Dicastère, celui du développement humain intégral. En janvier 2025, la religieuse italienne Simona Brambilla est la première femme préfète au Vatican. Selon Vatican News, le média officiel du Vatican, la part de femmes nommées à des fonctions au Saint-Siège et dans l’administration de l’État du Vatican sous son mandat est passée de 19,2% à 23,4%. Le pape François a également ouvert la participation aux processus synodaux en 2023, en autorisant les femmes à voter à la seizième assemblée générale ordinaire du Synode des évêques.
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Mais cette égalité reste limitée puisque l’Église catholique interdit formellement aux femmes l’accès à la prêtrise, et par conséquent, aux fonctions d’évêque, de cardinal ou de pape. Le pape François lui-même a plusieurs fois affirmé que « les ordres sacrés sont réservés aux hommes ». Il avait également affirmé ses positions anti-avortement en comparant les médecins qui pratiquent les IVG à des « tueurs à gages ».
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Les femmes catholiques se mobilisent pour l’égalité
L’Église catholique est-elle misogyne ? Cette question est le fil rouge du documentaire Femmes prêtres, vocations interdites de la réalisatrice Marie Mandy (à voir sur Arte). Filmée dans le documentaire, la théologienne et journaliste Jacqueline Straub confronte plusieurs cardinaux haut placés et les questionne sur une possible autorisation des femmes à devenir prêtres. Plus ou moins conservateurs ou progressistes, ils se rapportent tous à la tradition et aux écrits bibliques. Mais, justement, la cooptation des responsabilités ecclésiales par les hommes et l’interdiction pour les femmes de devenir prêtre reposent sur une lecture patriarcale des textes religieux. C’est en tout cas ce que dénoncent des théologiennes féministes, de plus en plus nombreuses à étudier ces écrits et leurs interprétations. Dans son documentaire, Marie Mandy leur donne la parole. Elles font ressurgir des figures féminines qui ont été des apôtres éminents mais dont le nom a été tourné au masculin au fil des traductions de la Bible.
Femmes de l’église en grève !
Depuis toujours, les femmes participent activement à la vie de l’Église. Elles représentent 80% des bénévoles dans les paroisses. Afin de réclamer l’égalité, du 5 mars 2025 et pendant les 40 jours qui précèdent Pâques, le Comité de la jupe, association qui défend la place des femmes dans l’Église catholique, a appelé les femmes à faire grève, c’est-à-dire à à ne plus officier dans les tâches du quotidien, comme le catéchisme, l’entretien de l’église, les obsèques, les préparations au mariage. Il faut « faire la grève du sexisme », insiste la co-présidente de l’association Adeline Fermanian, citée par France Bleu : « Énormément de services bénévoles sont tenus par les femmes et pourtant, la gouvernance, la hiérarchie est entièrement masculine parce que dans l’Église, pour avoir les charges de gouvernance, il faut être prêtre. Et pour être prêtre, il faut être un homme ».
Mais les femmes n’ont pas attendu d’avoir la permission. Aujourd’hui, il y a plus de 300 femmes prêtes et 20 femmes évêques dans le monde, comme le rapporte Marie Mandy. Grâce à des évêques catholiques romains, restées anonymes, ces femmes ont pu être ordonnées prêtres, puis devenir évêques afin d’ordonner à leur tour des femmes. Un acte de transgression qu’elles revendiquent comme légitime, même si le Vatican refuse de les reconnaître.
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