Euphémisation, inversion de traumatisme… Le traitement journalistique français de la plainte contre Hugo Auradou et Oscar Jégou, les joueurs du XV de France accusés de viol en réunion en Argentine, adoucit la situation. Ajout le 15 juillet : une séquence sur CNews est l’objet de vives protestations.
Est-ce seulement un problème de traduction ou une mauvaise habitude de la part des journaux français qui euphémisent les viols et violences sexuelles quand elles sont commises par des hommes connus et appréciés du public ?
Qualification des faits
Lundi 8 juillet au soir, Oscar Jégou et Hugo Auradou deux joueurs du XV de France en tournée sud-américaine ont été arrêtés et entendus dans les locaux d’Interpol à Buenos Aires. Beaucoup de journaux, reprenant des termes de l’AFP, ont dit qu’ils étaient visés par une plainte pour « agression sexuelle » (seulement) comme BFM-RMCSport. Certains ont même parlé « d’abus sexuels aggravés » comme ici FranceTVInfo.
D’autres ont, dès le titre de leur article, affiché la défense des accusés comme Le Monde : « Hugo Auradou et Oscar Jégou, les joueurs du XV de France accusés d’agression sexuelle en Argentine, réfutent « toute forme de violence », selon la FFR ». Bien sûr, dans ces journaux, beaucoup de place est accordée à la défense des joueurs qui ont fait savoir que, selon eux, l’accusatrice était consentante.
Qui est traumatisé ?
Puis les titres des journaux se sont penchés sur le « traumatisme » pour l’équipe de France. Un article de l’Express est intitulé : « Affaire Jegou et Auradou: les Bleus entre « sidération » et « traumatisme » ». Et beaucoup de confrères ont fait des titres similaires…
Alors que, dans la dépêche de l’AFP reprise par ces journaux, le sélectionneur des Bleus, Fabien Galthié, tout comme le président de la Fédération Française de Rugby, Florian Grill, ont tenu à rappeler que « la première des choses, c’est de nous adresser à la victime », de lui adresser un message de soutien. Et de travailler sur « le cadre de vie » des joueurs. Ce sont des propos tenus par les dirigeants lors d’une conférence de presse. Pourtant, les titres, comme les extraits de journaux télévisés, relaient seulement les propos sur le traumatisme des joueurs.
Autre variante exprimant de la compassion à l’égard des accusés : plusieurs journaux comme ParisMatch se sont penchés sur Mendoza, pire prison du Monde… celle où pourraient être transférés les deux joueurs.
Traduction
La qualification des faits par la presse argentine a une toute autre tonalité : « abuso sexual agravado por acceso carnal » soit littéralement : « agression sexuelle aggravé par accès charnel » Cette qualification correspond à ce qui était autrefois qualifié de « viol » par la justice argentine. Les accusations de violences commises par deux personnes peuvent être qualifiées de « viol en réunion.»
Les peines encourues pour agression sexuelle vont de six à quinze ans, selon le Code pénal argentin. Cependant, « la circonstance aggravante que les faits se seraient déroulés en réunion », pourrait aggraver la peine de huit à vingt ans de prison, a indiqué le parquet de Buenos Aires à l’AFP.
Sur CNews…
Ajout le 15 Juillet. Sans surprise, la chaîne du groupe Bolloré CNews, a donné la parole à un psychiatre jourant à fond l’inversion de culpabilité. Ce psychiatre nommé Pierre Sidon, invité de Jean-Marc Morandi a tranquillement déroulé une argumentation de violeurs présentant la victime comme une affabulatrice et les accusés de viol comme des êtres fragiles terrifiés par #MeToo.
Imaginant que la victime aurait eu «des troubles psychiatriques préexistants», il part en roue libre allant jusqu’à rendre les victimes de viol responsable de la baisse de la natalité. «Il devient très compliqué aujourd’hui pour les garçons d’avoir des relations sexuelles, ils sont tétanisés, pour ne pas dire terrifiés par les conséquences possibles d’un retrait du consentement. Tout acte sexuel peut prendre valeur de viol. C’est un problème civilisationnel. On ne fait plus de bébés dans l’Occident à cause de la généralisation du #MeToo dans laquelle tout homme est un violeur potentiel.» lâche-t-il.
Notons que, s’il utilise -tout de même !- le conditionnel pour ses élucubrations concernant la victime, il est affirmatif quand il parle des garçons et de la baisse de la natalité en Occident…
Même Morandini semble choqué : «N’oublions pas, que cette femme est peut-être victime, comme elle le dit, et qu’elle a peut-être vécu un traumatisme et que ce qu’elle dit est vrai.» Mais il ne conteste pas les élucubrations sur la natalité et les supposés pauvres garçons qui ne peuvent plus avoir de relations sexuelles…
CNews est en ce moment dans le viseur des défenseurs du pluralisme de l’information qui s’opposent au renouvellement de la réattribution par l’Arcom des canaux de la TNT pour bien des séquences problématiques comme celle-ci et pour non respect du pluralisme des opinions.
Lire : APPEL À MOBILISATION CONTRE LE RENOUVELLEMENT DE L’AGRÉMENT DE CNEWS ET C8
Suite à cette nouvelle séquence, en totale opposition avec les engagements que doit respecter la chaîne, l’Arcom a été saisie. Interrogés par Bénédicte Lesage, membre de l’Arcom, les responsables de la chaîne ont répondu à côté de la plaque. Puisqu’ils mettent beaucoup de femmes sà l’antenne, ils estiment qu’ils n’ont rien de plus à faire…
Peu de temps après le lancement d’une pétition demandant le non renouvellement du Canal TNT à Cnews et C8, la chaîne racontait des contre-vérités sur l’IVG
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