Ramata Toulaye-Sy, 36 ans, fait une entrée remarquée dans la compétition officielle cannoise avec « Banel & Adama », un conte féministe au Sénégal, projeté le 20 mai.
L’invitée surprise de la compétition cannoise 2023 s’appelle Ramata Toulaye-Sy : cette grande jeune femme est née dans la région parisienne de parents sénégalais, elle a fait ses études à la Fémis dont elle est sortie en 2015. « Banel & Adama » est son premier film, il concourt donc également pour la Caméra d’or (meilleur premier film toutes sections confondues) et est d’ailleurs le seul premier film en compétition officielle cette année. La jeune cinéaste soudain projetée dans la lumière n’est pas une novice : elle a déjà réalisé un court métrage tourné au Sénégal sur le même thème que « Banel & Adama » et a officié comme coscénariste notamment avec Atiq Rahimi pour « Notre-Dame du Nil » qui se déroule au Rwanda, sorti en salle en 2019. Précision : le réalisateur fait partie du jury cette année.
« Banel & Adama » évoque un couple de jeunes Peuls qui ont grandi dans un petit village au Nord du Sénégal. Ils vivent un amour parfait jusqu’à ce que les conventions de la communauté les mettent à l’épreuve. Adama doit devenir chef du village, Banel doit faire des enfants. Chez ces Roméo et Juliette sénégalais, c’est Banel la rebelle qui cherche sa liberté, manie le lance pierre en guerrière et tente de sauver leur amour. Car Ramata Toulaye-Sy est évidemment féministe, comptant parmi ses modèles les écrivaines Maya Angelou, Toni Morrison et Chimamanda Ngozi Adichie… Son film en témoigne totalement. Elle le définit « entre conte, tragédie et réalisme magique » mais c’est aussi un brûlot révolutionnaire contre l’ordre établi et les conventions patriarcales au Sénégal.
« Banel et Adama » de Ramata Toulaye Sy (France, Sénégal, 1h40), avec Mamadou Diallo et Khady Mane, Produit par La Chauve souris, Take Shelter et Astou Films, distribué par Tandem. Cannes 2023. En compétition officielle.