Les professionnels de la protection de l’enfance dénoncent les « défaillances d’un système à bout de souffle » qui met en danger les mineur.es. Proies faciles pour les proxénètes, 15.000 mineures de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) seraient victimes de ces prostitutueurs.
Mercredi 25 septembre, tous les acteurs du secteur de la petite enfance – juges, travailleurs sociaux, psychologues, éducateurs spécialisés, directeurs de foyers de l’enfance…. – ont manifesté ensemble à l’appel de la Convention nationale des acteurs de la protection de l’enfance (Cnape). Foyers surpeuplés, enfants en attente de placement, éducateurs en burn-out… ces professionnel.les dénoncent les « défaillances d’un système à bout de souffle ». Un système qui n’a plus de ministère de plein exercice à l’Enfance alors qu’un rapport parlementaire sur les manquements des politiques de protection de l’enfance a été interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier.
15.000 mineures de l’ASE victimes
Cette manifestation a été l’occasion de revenir sur le fléau de la prostitution des mineures. De jeunes proxénètes en quête d’argent facile ciblant, pour les prostituer, des mineures vulnérables confiées à la protection de l’enfance. (Le Mouvement du Nid expliquait dans Les Nouvelles News en 2019, que certains ex-dealeurs se convertissent dans l’exploitation de mineures prostituées. Ce qui est, pour eux, plus facile et moins risqué : pas besoin d’investir dans de la matière première et de prendre des risques à tous les niveaux de la filière.)
Concernant la protection de l’enfance, « une estimation de 2021 met en avant un chiffre d’environ 15.000 mineur.es victimes de prostitution uniquement au sein de l’aide sociale à l’enfance » rappellent Les chercheuses Héléna Frithmann et Nathalie Gavens dans The Conversation. Elles constatent que les professionnels de la protection de l’enfance sont particulièrement désarmés face à ce phénomène.
Le système prostitutionnel attaque le système de protection de l’enfance
Une enquête du quotidien le « Parisien » montre comment des mineurs placés sous la protection de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) deviennent la cible de proxénètes. Que ces proxénètes soient des « petits copains » du quartier ou des recruteurs en ligne. Ils ciblent leurs proies notamment aux abords des foyers et leur font miroiter une belle vie… Et les éducateurs manquent de moyens et de temps pour faire face. L’un d’entre eux explique que les proxénètes rôdent devant les foyers ASE, mais ils recrutent aussi en ligne via les réseaux sociaux. Ils sont très bien organisés. Face à une sorte d’industrialisation de la prostitution de mineure, le système de protection de l’enfance ne peut pas faire le poids. Certains travailleurs sociaux parviennent à déplacer les jeunes cibles dans d’autres foyers à des centaines de kilomètres pour qu’elles échappent à leurs proxénètes… Mais les cas sont rares. Et sans certitude de ne pas voir la jeune fille être à nouveau aspirée par le système prostitutionnel.
Voir aussi :
Le film « Noémie dit oui » sorti en 2023 décrivait l’enfer de la prostitution des mineures (Lire : Un film choc dénonce la prostitution des mineures)
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