Dans une résolution « sur l’exploitation sexuelle et la prostitution et leurs conséquences sur l’égalité entre les hommes et les femmes », le Parlement européen appelle les États membres à pénaliser les clients.
La prostitution et la prostitution forcée sont autant « une cause qu’une conséquence de l’inégalité entre les hommes et les femmes, qu’elles ne font qu’aggraver ». Dès lors, le Parlement européen estime que les États membres doivent adopter le « modèle nordique », appliqué en Suède, Islande et Norvège, « où l’achat de services sexuels constitue un acte criminel, mais pas les services des personnes prostituées ».
En adoptant mercredi 26 février (par 343 voix pour, 139 contre, et 105 abstentions) la résolution « sur l’exploitation sexuelle et la prostitution et leurs conséquences sur l’égalité entre les hommes et les femmes », proposée par la britannique Mary Honeyball (photo), les eurodéputés reconnaissent que « la prostitution et l’exploitation sexuelle sont des questions étroitement liées aux genres et des violations de la dignité humaine, qu’elles sont (…) contraires aux principes de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, notamment l’objectif et le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes ».
Il s’agit d’un texte non-contraignant, mais qui ne manquera pas d’alimenter le débat en France. La proposition de loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel », qui s’appuie justement sur ce « modèle nordique », a été adoptée en décembre par les députés et est actuellement entre les mains des sénateurs. Son examen en séance ne se fera sans doute pas avant le mois de juin. Début février, une commission spéciale chargée d’examiner cette proposition de loi a été mise en place. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol, rapporteure du texte, mènera des auditions au mois de mars et souhaite « du temps pour discuter et échanger ».
Le « modèle nordique » est également à l’étude dans d’autres pays d’Europe, comme au Royaume-Uni, tandis que l’Allemagne s’interroge sur le bien-fondé de la légalisation de la prostitution, effective depuis 2001.
Voir notre dossier :
Prostitution … vers l’abolition ?