Victime d’attaques racistes et sexistes, la pionnière de la boxe féminine en France renonce à devenir l’une des très rares présidentes de fédérations sportives.
Début novembre, Sarah Ourahmoune annonçait qu’elle serait candidate à la présidence de la Fédération Française de Boxe. Les candidatures doivent être déposées le 14 novembre prochain. Mais dimanche 10 novembre, dans un communiqué, elle annonce qu’elle préfère renoncer. « Je savais que les périodes électorales au sein des fédérations sont parfois marquées par des frictions et des coups bas. Mais cette fois, cela a dépassé ce que j’aurais pu imaginer » écrit-elle.
Attaques sexistes et racistes
Et la suite est en effet terrifiante : « J’ai été la cible d’attaques racistes et sexistes : des mots comme “l’arabe de service”, “femme de ménage de la fédération”, ou encore “la chienne de…”, sans compter les messages anonymes d’une violence inouïe et profondément choquante. »
Considérée comme l’une des pionnières de la boxe féminine en France, Sarah Ourahmoune en a pourtant vu d’autres !
Lire : Sarah Ourahmoune : « Quand j’ai commencé la boxe, les combats étaient interdits aux femmes »
Lors de son premier match en 1999, elle a déjà subi les insultes de ceux qui ne supportaient pas de voir la boxe s’ouvrir aux femmes. Entre autres attaques, un homme lui a barré la route avant qu’elle ne monte sur le ring pour lui dire de retourner dans « sa cuisine ».
Mais cette fois-ci, elle a préféré renoncer. « Ma décision de me retirer me coûte énormément, car elle semble en contradiction avec tout ce que je défends au quotidien : le courage, la résilience, la capacité à se battre dans des milieux hostiles, à repousser les limites du possible, et à défendre l’égalité, la diversité, la mixité. » Mais elle ne renonce pas à faire bouger son sport : « Pourtant, aujourd’hui, je pense que mon temps, mon énergie et mes valeurs trouveront un meilleur écho ailleurs, là où je pourrai être pleinement efficace et utile. Je continuerai de porter ces valeurs et d’agir pour le sport, pour la jeunesse, et pour un monde plus juste. »
Mettre K-0 ceux qui propagent la haine et la division ?
Elle présentait sa candidature en tandem avec le président actuel, Dominique Nato, qui aurait été vice-président. Ce dernier a publié un communiqué de soutien ce lundi matin : « Je tiens à exprimer mon total soutien à Sarah dans ce moment difficile. La Fédération Française de Boxe se tient à ses côtés et lui réaffirme son engagement pour mener les combats nécessaires afin de mettre K.-O. ceux qui propagent la haine et la division. »
Très peu de femmes présidentes de fédérations sportives
L’hostilité du monde du sport aux femmes est toujours très forte. Et le racisme encore d’actualité. Les présidences des fédérations sportives ne sont confiées qu’à quelques femmes. On n’en compte même pas 15 sur les 115 fédérations agréées par le ministère des Sports. Et, concernant les fédérations olympiques : sur 36, seulement deux sont présidées par des femmes.
La fédération française de boxe pourrait toutefois ajouter une femme à la courte liste de présidentes de fédération puisqu’une autre a décidé de poser sa candidature : Estelle Mossely, Championne olympique à Rio en 2016 a annoncé qu’elle était candidate dès le mois de septembre.
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