Les 13 premières personnalités préférées des 7-14 ans sont des hommes selon un sondage du Journal de Mickey. Ou comment les médias apprennent très tôt à admirer les hommes et ignorer les femmes.

Les sportifs sont en tête du classement des personnalités préférées des Français.es âgés de 7 à 14 ans selon le Journal de Mickey : c’est le principal constat que font les journaux en découvrant ce palmarès réalisé après un sondage Ipsos mené en février 2025 auprès d’un échantillon de 400 enfants. L’absence de femmes en haut du classement ne semble pas les émouvoir.
Et pour cause : les médias ont leur part de responsabilité dans ce résultat. Les enfants se prononcent en faveur de personnalités fortement médiatisées et ces personnalités sont des hommes sur 70% la surface éditoriale des journaux. Et ce taux monte à près de 90 % dans les rubriques sport (Lire : L’information, miroir déformant sexiste de la société).
Femmes athlètes invisibles
Avec les Jeux Olympiques de 2024, les premiers du classement ont été très visibles : le nageur et quadruple champion olympique Leon Marchand suivi par le judoka Teddy Riner. Puis vient le comédien et réalisateur Artus. Le chanteur Soprano, qui occupait la première place l’an dernier, est passé à la quatrième.
Sur les 85 personnalités citées par les enfants, le classement en retient 27… et la première femme ne pointe qu’à la 14ème place : la chanteuse Louane. Il faut ensuite aller à la 20ème position pour voir une autre chanteuse, Vitaa. Elles ne sont, au total, que quatre à parvenir à se hisser dans le Top 27. La comédienne Mimie Mathy arrive en 26e position. L’interprète de Joséphine Ange Gardien est la seule personnalité à avoir toujours eu sa place au classement depuis sa première édition il y a 20 ans. La quatrième est la chanteuse Aya Nakamura qui ferme le classement en 27ème position. La chanteuse, qui a réalisé une prestation extraordinaire lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, n’a pas conquis les lecteurs de Mickey.
Déni
Pourquoi si peu de femmes ? Explications insatisfaisantes. « C’est le reflet d’un manque de visibilité des femmes dans les médias ou dans le sport. C’est quelque chose qui est en train de changer, mais ça prend du temps », a assuré la rédactrice en cheffe du Journal de Mickey Édith Rieubon sur ici… Elle a dit celà après avoir très longuement parlé, avec admiration, des héros du début du classement. Quelque chose qui est en train de changer ? Pas sûr quand les journalistes continuent à parler si longuement des hommes et si peu des femmes. Et à la fin de l’interview l’animateur affirme : « c’est le reflet de la société ». Un reflet dans un miroir sacrément déformant : 4 femmes et 23 hommes, dans une société qui compte plus de 50 % de femmes… Il y a comme un défaut dans la fabrique à héros !
Apprendre à ignorer les femmes, sauf…
Ce classement montre que les médias apprennent très tôt à admirer les hommes et ignorer les femmes. Ils accordent de grandes couvertures au moindre éternuement des premiers et peu d’intérêt aux exploits des secondes. Ils apprennent ainsi aux femmes à se penser inférieures…et aux hommes à penser les femmes inférieures à eux.
Il y a une dizaine d’années la marque de protection périodique Always créait le buzz en demandant à des enfants de « courir comme une fille » et les enfants, garçons comme filles, se mettaient à courir de façon maniérée et ridicule (lire : « Comme une fille » )
En négligeant la médiatisation des femmes et des sportives en particulier, les journaux limitent les ambitions des filles. Ils imposent des normes sociales de sexe qui se gravent très tôt dans les esprits.
Les médias dessinent ainsi un horizon est bien plus large pour les garçons que pour les filles. Les garçons peuvent se projeter dans des images de héros sportifs, de réalisateurs de films ou de chanteurs à succès. Tandis que les filles cherchent péniblement des modèles. Et pour elles, ce sera chanteuse ou actrice… et, de préférence une actrice qui incarne la bonté et le dévouement d’une femme pour des enfants.