37 % de femmes contre 39 % en 2017 à l’Assemblée nationale, une percée du RN, des hommes contestés… l’inquiétude des miltant.es de l’égalité femmes – hommes est à peine apaisée par l’entrée de fortes personnalités féministes.
L’Assemblée nationale élue ce mois de juin 2022 comptera 215 femmes et 362 hommes. Elles étaient 224 en 2017. C’est la première fois que le nombre de femmes élues est en baisse. Après avoir connu une croissance très lente, ce nombre avait fortement augmenté en 2017 : 39 % de femmes parmi les député.es contre 27 % dans la précédente législature. Il y a cinq ans, La République en marche tirait la moyenne des femmes de l’Hémicycle vers le haut avec 46% d’élues dans ses rangs.
Cette fois-ci, c’est la coalition de gauche, la Nupes, qui comptera le plus de femmes sur ses bancs avec 43,6% de députées. Du côté de la majorité présidentielle il y aura 40,4% de femmes. A l’extrême droite, le Rassemblement national (RN) en affiche 37,1 %. A droite, Les Républicains (LR), n’ont fait élire que 18 femmes sur 61 élu.es soit 29 %.
Mais le nombre de femmes élues ne garantit pas une politique féministe. Le RN a toujours voté contre les lois progressistes. Il s’est par exemple opposé aux dispositions devant améliorer la législation sur l’avortement. Plusieurs appels avaient été lancés avant le deuxième tour de l’élection présidentielle pour faire barrage à la candidate du RN.
Lire : APPELS FÉMINISTES À FAIRE BARRAGE A L’EXTRÊME DROITE
Autre motif de désespoir à la vue de la nouvelle assemblée : plusieurs députés ont été élus malgré de forts soupçons de violences sexuelles…. Et toujours beaucoup de bruit médiatique sur la « présomption d’innocence ». Et beaucoup moins de bruit sur les arguments des féministes : on écarte des candidats pour bien moins que des témoignages multiples et recoupés par de sérieuses enquêtes journalistiques ; et un des élus concernés, Gérald Darmanin, a reconnu un abus de pouvoir (avoir obtenu des relations sexuelles en échange d’une intervention sur un dossier)… C’est à se demander si des accusations d’agressions sexuelles ne sont pas un œillet à la boutonnière des hommes politiques, susurrent certaines féministes…
Au milieu de ce tableau de la nouvelle Assemblée, l’entrée de personnalités féministes et activistes climat compense un peu cette physionomie d’une Assemblée qui pourrait bloquer bien des progrès.
Elles sont nombreuses du côté de la Nupes. Rachel Keke, dont les médias ont beaucoup parlé a mené un combat féministe d’ampleur en entraînant la longue grève des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles (Paris) entre 2019 et 2021.
Lire : VICTOIRE DES EMPLOYÉES DE L’IBIS BATIGNOLLES CONTRE LE TRAVAIL PRÉCAIRE DES FEMMES
Sandrine Rousseau, engagée à EELV et militante féministe, est bien décidée à faire entendre sa voix dans l’Hémicycle. Elle n’hésite pas à prendre des risques sur des sujets qui sont perçus comme iconoclastes.
Lire : DÉLIT DE NON-PARTAGE DES TÂCHES DOMESTIQUES, L’IDÉE QUI TURLUPINE
Alma Dufour, nouvelle députée de Seine-Maritime, ancienne porte-parole des Amis de la terre, se présente comme une activiste pour le climat. Aurélie Trouvé, ex-coprésidente d’Attac a été élue en Seine-Saint-Denis. Comme elles, beaucoup de trentenaires ou jeunes quadras disent vouloir faire entrer le féminisme à l’Assemblée Nationale, comme Sarah Legrain, élue dans le 19è arrondissement à Paris, Sabrina Sebaihi (Hauts-de-Seine), Fatiha Keloua-Hachi (Seine-Saint-Denis), Clémence Guetté (Val-de-Marne), Marianne Maximi (Puy-de-Dôme), ou Sandra Regol (Bas-Rhin).
Du côté de la gauche écolo toujours, plusieurs féministes ont été reconduites comme Clémentine Autain (Seine-Saint-Denis) Mathilde Panot (Val-de-Marne) ou Delphine Batho (Deux-Sèvres).
Lire : DELPHINE BATHO ET MATHILDE PANOT, DÉPUTÉES CHAMPIONNES POUR SAUVER LA PLANÈTE
Au parti présidentiel, Marie-Pierre Rixain, qui a porté la loi visant à « accélérer l’égalité économique et professionnelle », a été réélue haut la main.
Lire : QUOTAS DE FEMMES DIRIGEANTES EN ENTREPRISES : C’EST VOTÉ !
Mais les figures féministes ne se bousculent pas dans le parti qui semble vouloir se rapprocher de LR, le cancre de la parité sur ces élections (et les précédentes). L’ex-ministre en charge des Droits des femmes, Elisabeth Moreno, a perdu dans la 9e circonscription des Français de l’étranger et celle qui l’avait précédée à ce poste, Marlène Schiappa, n’était pas candidate et semble décidée à entamer une nouvelle vie.
Alors que la mandature s’annonce compliquée et les marchandages fréquents, ces nouvelles élues féministes pourraient profiter de la pagaille ambiante pour glisser quelques mesures favorables à l’égalité des sexes voire imposer des études d’impact visant à évaluer les répercussions de chaque nouvelle loi sur l’égalité femmes – hommes. Le sujet est à nouveau la grande cause du quinquennat, c’est le moment de prendre au mot un président de la République qui n’a plus la majorité à l’Assemblée Nationale.
Lire aussi dans Les Nouvelles News
BILAN FÉMINISTE DU QUINQUENNAT : TOUT DOUX !
AFFAIRE DARMANIN : POURQUOI LA « PRÉSOMPTION D’INNOCENCE » EST HORS-SUJET
LÉGISLATIVES : VERS UN RECORD DE 40% DE DÉPUTÉES