Ngozi Okonjo-Iweala, est la première femme et première dirigeante originaire d’Afrique à prendre la tête de l’Organisation Mondiale du Commerce.
L’ Organisation Mondiale du Commerce (OMC) va enfin pouvoir reprendre ses activités. Depuis le 15 février, sa nouvelle directrice générale est la nigérianne Ngozi Okonjo-Iweala. Mais sa nomination est restée longtemps bloquée. Après que l’ancien directeur général, le Brésilien Roberto Azevêdo, a annoncé sa démission en mai dernier, un an avant la fin de son mandat, la recherche de son successeur s’est très vite focalisée autour de deux candidatures : la ministre sud-coréenne du commerce, Yoo Myung-Hee, et l’ancienne ministre des finances du Nigéria, Ngozi Okonjo-Iweala. Les deux femmes avaient été annoncées comme finalistes en octobre, après avoir éliminé huit candidats. Mais pour qu’une nomination soit validée, l’OMC exige que chacun de ses 164 membres soutiennent ce choix. Les pays membres s’étaient massivement ralliés derrière l’économiste nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, deux fois ministre des finances, qui a gravi les échelons de la Banque mondiale. Tous les membres sauf un : Donald Trump, l’ancien président des Etats-Unis, très hostile à l’institution.
L’élire serait “une erreur”, avait déclaré le négociateur commercial en chef de l’administration Trump, en invoquant son manque d’expérience dans le domaine du commerce. A lui seul, Donald Trump a donc réussi à retarder le processus de nomination, et a paralysé l’organisation, laissée sans chef de file depuis le départ de son ancien secrétaire général, le 31 août dernier. Mais le chemin a été dégagé après que Yoo Myung-hee, a annoncé qu’elle se retirait de la course pour diriger l’OMC au début du mois de février. Le 15 février, la désignation de Ngozi Okonjo-Iweala a été confirmée et depuis Washington, l’équipe du nouveau président Biden lui ayant apporté son « soutien appuyé ».
Diplômée d’Harvard et du MIT, Ngozi Okonjo-Iweala commence sa carrière à la Banque Mondiale, pour laquelle elle travaillera pendant 25 ans, avant d’en devenir la directrice générale. Elle sera Ministre des Finances du Nigéria à deux reprises, puis brièvement Ministre des Affaires Etrangères.
Entre 2003 et 2006, elle a réussi à négocier l’effacement de près des trois quarts de la dette du Nigéria de 30 milliards de dollars, laissant à son pays l’un des ratios dette/PIB le plus faible du continent africain.
“Je suis dans l’action”, a-t-elle assuré, annonçant qu’elle comptait booster le multilatéralisme à l’OMC. Elle envisage bien sûr de concentrer son action sur la pandémie de COVID-19 et la reprise économique mondiale. L’enjeu est de taille. La nouvelle secrétaire générale devra résoudre en priorité la question des vaccins. Notamment les droits de propriété intellectuelle régissant la fabrication des vaccins et autres produits sanitaires. « Une façon d’assurer une offre suffisante de vaccins et son équitable distribution est de supprimer certaines barrières érigées par les lois sur la propriété intellectuelle et les transferts de technologie », plaidait-elle dans le magazine américain Foreign Affairs en avril. En octobre, dans un entretien au journal Le Monde, elle assurait : « Le commerce a un rôle à jouer en matière de santé publique […] C’est le rôle de l’OMC de s’assurer que ces mesures soient transparentes, proportionnelles et temporaires afin que l’accès aux équipements médicaux ne soit pas bloqué dans certains pays. »