
Chloe Zhao, Vegafi, Creative commons
La 77e édition de la Mostra de Venise fait triompher la réalisatrice de « Nomadland », cinquième femme à recevoir un Lion d’Or.
Samedi 12 septembre, le Lion d’Or de la 77e Mostra de Venise a été décerné à la cinéaste américaine d’origine chinoise Chloé Zhao. Son film, qui a enthousiasmé le jury autant que la critique, est un road trip chez les « van dwellers », ces Américains qui vivent dans leur véhicule et enchaînent les petits boulots. Il raconte la dure vie d’une femme veuve et sexagénaire, incarnée par Frances Mc Dormand. Elle a perdu sa maison avec la crise des subprimes et part sur les routes du Far West en habitant dans sa camionnette. C’est le troisième long-métrage de la réalisatrice. C’est d’ailleurs depuis un fourgon à Pasadena, en Californie, qu’elle a remercié le jury. Un clin d’œil à l’histoire de son film pour un festival rendu exceptionnel par la crise sanitaire mondiale.
Chloé Zhao est la cinquième femme à remporter le lion d’or depuis que le festival de Venise existe (5 femmes sur 77 lauréats donc). Il en a fallu des batailles et des explications ! Pas facile de contrer les fausses évidences d’organisateurs sûrs d’eux affirmant « on récompense les meilleurs » en ignorant les biais sexistes qui entravent la production de films par les femmes, les carrières des réalisatrices et les jugements des jurés.
Et ce n’est pas fini. Car, même si une femme décroche cette année la plus haute distinction, le reste du palmarès n’est pas très différent des autres années. Les femmes n’ont ni le prix du jury, ni celui du meilleur réalisateur… Seul le prix d’interprétation féminine a fait monter une femme sur le podium.
Mais à force de protestations bruyantes depuis le mouvement #MeToo, le monde du septième art se remet en question. Lentement… A la Mostra de Venise par exemple, quand, en 2018, une seule femme était en compétition sur 21 candidatures pour le Lion d’or, le directeur du festival ne voyait pas où était le problème. Sous la pression, ce festival, comme celui de Cannes ou d’Hollywood ont fait des efforts. Cette année, le jury de la compétition était présidé par une femme, l’actrice australo-américaine Cate Blanchett. Et huit films étaient réalisés par des femmes sur les 18 en lice.
Sur RFI, Siegfried Forster, se demandait si cet exceptionnel nombre de films de femmes sélectionnés n’était pas dû « à la crise sanitaire, à l’absence de « blockbusters hollywoodiens et de superproductions Netflix » qui laisseraient « plus de place à des films novateurs. » Mais elle préfère croire que c’est le monde autour qui a changé : « du mouvement #MeToo jusqu’à la pandémie de Covid-19, en passant par les accents de plus en plus menaçants des géants du numérique et de la crise écologique. Et si cela – plus que la théorie du vide – expliquait la forte poussée des femmes dans l’univers du cinéma ? »
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