La campagne « Libérer le savoir ! », organisée par Negar- Soutien aux femmes d’Afghanistan, sera lancée vendredi 21 mars avec des organisations syndicales et responsables politiques .
Alors que la situation des femmes en Afghanistan ne cesse de se dégrader avec les attaques incessantes des talibans et la suspension du programme d’aide aux réfugié·es par les Etats-Unis notamment, l’association Negar- Soutien aux femmes d’Afghanistan, lance un appel pour « Libérer le savoir ! » avec la CFDT et Solidarité Laïque.
« Nous appelons toutes les organisations associatives, politiques et syndicales à se joindre à nous pour exprimer fortement leur opposition à tout système qui conduit à exclure le genre féminin de la sphère publique et à lui ôter tout droit d’expression » : le 21 mars 2025, à l’occasion du nouvel an Afghan, Negar lancera officiellement cette campagne lors d’un événement à la mairie de Paris.
« Depuis le 15 août 2021, jour où les milices terroristes talibanes se sont emparées de l’Afghanistan, il s’est écoulé 3 ans et 7 mois. 3 ans et 7 mois pour installer une dictature terroriste intégriste qui a pour moteur premier la haine des femmes et comme objectif leur invisibilisation et leur disparition de l’espace public » écrit Shoukria Haidar, présidente de Negar. Alors « le 21 mars 2025 doit être le début de la reconquête du droit au savoir, du droit à l’éducation, des droits des femmes et du droit à vivre pour toutes et tous en Afghanistan. »
Classes clandestines
« La situation est encore plus compliquée que lorsque nous avions réussi à créer des classes clandestines en 1998 » déplore Geneviève Couraud, secrétaire générale de Negar. Enseignants et associations envoyaient du matériel pour ces écoles secrètes. Puis, en 2001, l’association a continué en envoyant de l’argent pour payer des taxis qui conduisaient discrètement les filles à l’école. Après les années de plomb, ces filles ont continué à s’instruire, elles ont appris des métiers qu’elles ont pu exercer jusqu’au retour des talibans en 2021.
« Mais ces talibans se sont radicalisés encore davantage. Leur police de la prévention du vice et la promotion de la vertu, la Hisbah, a tous les droits, elle peut entrer n’importe où, à n’importe quel moment, procéder à des arrestations ou commettre des violences comme elle veut. Les gens ont peur d’être tabassés par cette police et peuvent parfois dénoncer des allées et venues suspectes pour faire la classe » prévient Geneviève Couraud.
Et faire la classe par Internet n’est pas la solution. Une grande partie de la population n’y a pas accès et les talibans peuvent en prendre le contrôle. Beaucoup de femmes se sont enfuies au Pakistan et sont victimes de sévices multiples aujourd’hui.
Urgence
L’opération « Libérer le savoir ! » veut envoyer aux Afghanes les moyens de faire classe aux filles avec des réseaux amis qui ne détourneront pas les fonds envoyés. Il y a urgence.
Le destin des filles est de plus en plus sombre. Outre les mariages forcés de fillettes très jeune, la prostitution est une manne financière pour les talibans. Ils font du trafic d’êtres humains et envoient des fillettes parfois âgées de 10 ou 12 ans être prostituées dans les émirats et ailleurs.
L’inaction de la communauté internationale est d’autant plus incompréhensible que l’Afghanistan est devenu une matrice de groupes terroristes. Il y en aurait une vingtaine. Une résistance interne pourrait renverser les talibans si elle était armée.
En attendant, ce sont des ONG qui peuvent agir pour les filles et les femmes avec la diaspora afghane. Parmi les personnes annoncées pour lancer l’opération « Libérer le savoir ! » le 21 mars : deux représentantes de grands syndicats, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, d’anciennes ministre comme Najat-Vallaud Belkacem ou Marie-George Buffet, des députées, la conseillère de Paris et adjointe à la Maire de Paris en charge de l’égalité femmes-hommes, Hélène Bidard et bien-sûr, Shoukria Haidar, présidente de Negar, Baktash Sihawash journaliste, député afghan en exil, Tamana Zaryab Paryani, journaliste et activiste, militante féministe ou Dr Zahra Mohamadi, activiste, militante féministe.
Le site de Negar : https://www.negar-afghanwomen.org/2/
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