
image Pixabay
Les préjugés des recruteurs peuvent conduire à des discriminations à l’embauche des femmes.
Pour trouver du travail, les femmes doivent faire leurs preuves tandis que les hommes doivent se montrer motivés. C’est l’impression qui se dégage d’une enquête Offre d’emploi et recrutement (Ofer) de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée le 12 mai dernier ,qui a passé au crible 8 510 questionnaires réalisés en 2016.
Compétence, diplôme, sourire versus motivation et potentiel
Les critères de sélection les plus souvent cités pour le recrutement d’un homme comme d’une femme sont : l’expérience, la motivation, la compétence et la disponibilité. Mais ces critères ne sont pas cités dans le même ordre : pour une candidate, la compétence et le diplôme ou la connaissance des langues étrangères sont regardés de très près par les recruteurs, avant qu’ils ne s’intéressent à leur motivation. En revanche, pour embaucher un homme, c’est la motivation qui arrive en tête et les recruteurs se focalisent sur le courage, la volonté, l’engagement et l’envie que manifestent ces hommes.
Pour les femmes, les qualités personnelles, un certain savoir-être, semblent compter davantage aux yeux des recruteurs qui apprécient l’accueil, le sourire, la présentation ou l’amabilité. Ils recherchent chez elles les « compétences softs » telles que la curiosité, la créativité et la spontanéité. À l’inverse, pour évaluer un candidat homme, les recruteurs vont davantage s’arrêter sur son sérieux, sa capacité de travail, son comportement mais aussi son potentiel.
Ces différences s’expliquent en partie par la ségrégation professionnelle sexuée des emplois en France « même si elle a régressé au cours de la période récente », note la Dares. Les qualités recherchées pour les métiers « féminisés » seraient différentes de celles des métiers comptant davantage d’hommes. Les métiers manuels et techniques recrutent plus souvent des hommes, respectivement 71% et 59%, alors que les métiers d’aide à la personne ou de contact avec le public plutôt des femmes — respectivement 68% et 64%.
La ‘disponibilité’ scrutée chez les femmes
La disponibilité est un thème décisif pour le recrutement d’une femme, alors que pour un homme, la question n’est pas effleurée. L’état-civil (âge, nationalité), le type de contrat et la rémunération demandée par le candidat entrent plus en ligne de compte. Autrement dit, il suffit presque à un homme d’être un homme tandis que les femmes ont beaucoup à prouver.
Globalement, affirme la Dares, « les recruteurs apparaissent un peu plus exigeants à l’égard des candidates ». Ils sont attentifs à trois critères pour recruter des femmes dans 49% des cas contre 42% pour embaucher des hommes. Ils se contentent d’un seul critère pour 26% des recrutements d’hommes contre 19% des embauches de femmes.
Métiers « féminins » plus ouverts aux hommes que l’inverse
La sélection semble moins différenciée sur les métiers dits « féminins » que sur les métiers dits « masculin ». Les critères sont «moins nombreux ». Si dans 84 % des recrutements masculins, les recruteurs déclarent être indifférents au sexe de la personne recrutée, dans 4 % des cas, ils considèrent que cela aurait été un avantage d’être une femme pour occuper ce poste et, dans 13 % des cas, un inconvénient. Pourquoi un inconvénient ? 90% des employeurs évoquent des contraintes liées à la nature du poste, 29% estiment que certaines tâches sont mieux réalisées par les hommes et d’autres par les femmes. 10% craignent de « susciter des réactions négatives de certains salariés » Enfin 6% d’entre eux invoquent un risque d’absentéisme, pour garde d’enfants
« Ces différences d’aptitudes et de compétences supposées entre les hommes et les femmes peuvent alimenter des comportements de discrimination à l’embauche, les femmes étant sélectionnées pour exercer certains types de métiers ou d’activité et non pour d’autres », souligne la Dares.
Et pourtant, les recruteurs qui ont embauché une femme sont plus souvent satisfaits de leur recrutement. 84% disent qu’ils reprendraient la même personne si c’était à refaire quand il s’agit d’une femme, contre 78% après avoir embauché un homme.
Lire aussi dans Les Nouvelles News
LES QUESTIONS QUI TUENT L’ENTREPRENEURIAT FÉMININ