Pour leur 9ème édition, « les journées du Matrimoine » sont un peu moins éclipsées derrière le patrimoine mais la parité est très loin. Un appel à baptiser l’événement « Journées européennes du Matrimoine et du Patrimoine » est lancé.
Quand le mouvement HF et Osez le féminisme ! ont lancé les premières journées du Matrimoine en 2015 pour sortir de l’ombre l’héritage artistique des femmes, les soutiens ne se bousculaient pas au portillon pour les aider. 95% des œuvres visibles lors des traditionnelles Journées du Patrimoine (créées en 1984) étaient réalisées par des hommes et ça ne semblait pas gêner les organisateurs. Pas plus que le rapport de Reine Prat qui, en 2006, avait chiffré des inégalités « d’une ampleur insoupçonnée » dans le monde de la culture. Les hommes, auteurs ou directeurs, imposant leur point de vue dans l’art tandis que les femmes étaient cantonnées au rôle de muse.
C’est ce qui donnait d’ailleurs le slogan des journées du Matrimoine « on n’est pas que des muses »
Lire : LE MATRIMOINE SORT DE L’OUBLI
Depuis, le programme des journées du Matrimoine est chaque année plus copieux et sera étendu à plusieurs villes et même villages de France du vendredi 15 septembre au dimanche 17 septembre 2023.
En Île-de France, 21 événements soit 36 rendez-vous gratuits sont proposés à Paris, Châtillon, Saint-Denis, Pantin, Bobigny et Montreuil. Cette année, la figure emblématique sera Assia Djebar autrice, réalisatrice franco-algérienne, élue à l’Académie Française. D’autres femmes seront mises à l’honneur comme Louise Labé, Louise Colet, Marie Vassilieff, Françoise d’Eaubonne, Emily Brontë, Marguerite Moinault… à travers des lectures, des parcours architecturaux, des projections, des performances, des récitals… (voir le programme)
Le programme est aussi très copieux en Auvergne-Rhône-Alpes, en Normandie, ou dans les Hauts-de-France. Bordeaux a opté, depuis 2021, pour célébrer ensemble les Journées du Patrimoine et du Matrimoine.
De nombreux journaux régionaux évoquent les journées du Matrimoine dans leurs colonnes. Même dans de petites villes comme Rabastens-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, qui en est à sa deuxième édition mise à l’honneur dans la Dépêche.
Mais le Matrimoine n’a pas encore la place qu’il mérite alors une pétition réclame de transformer les Journées Européennes du Patrimoine (JEP) en Journées Européennes du Matrimoine et du Patrimoine (JEMP). Mais aussi : « l’inscription du Matrimoine, au même titre que le Patrimoine, dans les programmes scolaires et universitaires et dans l’espace public. La généralisation de l’éga-conditionnalité des aides et des subventions publiques auprès des structures et des lieux culturels afin de soutenir et garantir le Matrimoine du futur. La formation par les institutions nationales et locales culturelles de toutes les actrices et acteurs culturelles sur la notion, le contenu et les actions en faveur du Matrimoine. »
Pour que, tout simplement « le Matrimoine fasse pleinement et définitivement partie de la politique culturelle. » (La pétition est ici)