Les femmes restent minoritaires parmi les athlètes des Jeux Paralympiques 2024 – surtout en France. Toutefois, elles réussissent à surmonter les obstacles persistants et gagnent du terrain à chaque Olympiade.
Les épreuves des Jeux paralympiques ont commencé ce matin et, déjà, cette édition 2024 a battu un premier record : celui du nombre d’athlètes féminines.
Davantage d’athlètes féminines lors des Paralympiques de Paris 2024
La parité ne sera pas atteinte lors des Paralympiques, bien que les JO y soient parvenus pour la première fois cette année… Mais c’est en bonne voie ! Sur les 4400 athlètes, 1 859 sont des femmes, soit près de 46,5%. C’est 77 sportives de plus par rapport aux derniers Jeux. Ce nombre a même doublé depuis les Jeux de Sydney en 2000, où elles n’étaient alors que 988, rapporte le site du Comité paralympique.
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Au sein de la délégation française, les femmes sont plus nombreuses également : 81 sur 236 athlètes. Seulement 34 %, mais elles n’étaient que 37, contre 101 hommes, à Tokyo en 2021 et seulement 2 sur les 19 athlètes lors des Jeux d’hiver en 2022. On revient de loin ! De son côté, la délégation américaine compte 225 athlètes, dont cinq guides, et affiche une parité parfaite avec 110 hommes et 110 femmes.
Ce n’est pas la seule évolution. Le Para badminton, Goalball, le Para aviron et le Basket fauteuil ont, eux, atteint la parité absolue. Certains sports comptent même davantage de sportives que de sportifs, comme la Para équitation (61 femmes pour 17 hommes) et le Para powerlifting (90 femmes pour 89 hommes). Et sur les 549 épreuves prévues jusqu’au 8 septembre, 235 seront uniquement féminines.
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Un cumul d’obstacles
L’objectif de la parité est entravé par des obstacles persistants. Citée dans Le Nouvel Obs, Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) depuis 2018 et ancienne championne paralympique d’athlétisme, estime qu’il « existe trois typologies de freins ». Le premier étant lié au manque d’accessibilité des structures et de formation des clubs de proximité, qui impacte aussi bien les hommes que les femmes en situation de handicap. Cependant, ces dernières seraient davantage mises en difficulté. Si la pratique sportive et, surtout, compétitive restent moins développées chez les femmes que chez les hommes, c’est à cause de « la question de la norme corporelle et l’influence des diktats de la beauté qui, dans certains champs du parasport, peuvent être en contradiction avec la musculature nécessaire », détaille la présidente du CPSF.
L’écart de genre chez les athlètes des Paralympiques est aussi favorisé par un manque de dirigeantes et d’entraîneuses, ce qui tend à dissuader les femmes en situation de handicap de se lancer dans une pratique sportive puisque le risque de violences sexuelles est réel et, surtout, accru pour elles. 16 % des femmes handicapées déclarent avoir été violées, selon les résultats d’une étude de l’Ifop pour l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (LADAPT). Chez les femmes avec un handicap psychique, cette proportion grimpe jusqu’à 33 %.
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Depuis 2022, le CPSF est engagé dans la lutte contre les VSS. Pour les Jeux paralympiques, une cellule d’écoute et d’accompagnement a été mise en place ainsi qu’un plan de prévention et de sensibilisation pour les éducateurs et les athlètes du mouvement paralympique. Enfin, un outil de verbalisation et de libération de la parole a été mis au point : le Règlosport, qui s’apparente à un Violentomètre, afin de « permettre aux sportif.ve.s de mieux caractériser la situation dans laquelle ils se trouvent ».
En raison de ce cumul d’obstacles, le handi-sport féminin se retrouve moins développé que le handi-sport masculin. En France, la part de pratiquantes dans les différentes disciplines est de 35%, contre 65% d’hommes. Résultat aux Paralympiques : « Il ne peut y avoir de parité parce qu’il n’y a pas la densité d’athlètes ni le haut niveau requis. », déplore Marie-Amélie Le Fur auprès du média Les Sportives.
Accroître la visibilité du handisport féminin
En 2023, « la pratique féminine représente 19,6 % des séquences visionnées, contre 65,1 % pour la pratique masculine et 15,3 % pour les représentations mixtes », selon une étude de l’Arcom. « Pour ramener [les jeunes filles invalides] vers le sport, il faut jouer sur la notion de rôle modèle à travers leur médiatisation. », insiste Marie-Amélie Le Fur. Surtout que les Paralympiques ne manquent pas de sportives inspirantes, comme la sprinteuse française Nantenin Keita, médaille d’or lors de la finale féminine du 400 mètres à Rio en 2016, ou la kayakiste française Nélia Barbosa, médaillée d’argent sur le 200 mètres KL3 à Tokyo en 2021.
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C’est le véritable enjeu de ces Jeux paralympiques : changer le regard sur le handicap. « Avant, le sport paralympique était mis de côté et n’était pas financé par l’État. La France avait donc dégringolé dans ses performances au niveau international. L’accueil des Jeux à Paris incite la réussite de nos athlètes, donc les aides gouvernementales et des fédérations se sont nettement renforcées. », s’enthousiasme la présidente du CPSF.
Depuis la création des Jeux paralympiques en 1960, les sportives gagnent du terrain et inspirent celles et ceux qui les regardent. Si on leur en donne les moyens, elles battent des records, dans les stades, sur les pistes mais également sur le terrain de l’égalité.
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