La québécoise Monia Chokri est à la sélection Un Certain Regard avec « Simple comme Sylvain » son troisième film. Une comédie romantique pas si légère et joliment réussie, très applaudie à sa présentation cannoise.
Comédienne chez Xavier Dolan notamment, la pétillante Mona Chokri est devenue réalisatrice avec « La femme de mon frère » et « Baby Sitter », deux comédies urbaines et acerbes sur des trentenaires québécois drôlement désabusés. Aujourd’hui, la cinéaste creuse son sujet en reposant la question de l’amour mais à la quarantaine, à l’épreuve des différences sociales. Son héroïne, Sophia, professeur de philosophie en couple depuis dix ans, peut-elle tout lâcher pour Sylvain, le charpentier qui s’occupe des travaux de sa future résidence de campagne ? Loin d’une cynique comédie bourgeoise, « Simple comme Sylvain » réussi à nous faire rire tout en culbutant les clichés habituels. Chez Mona Chokri, on peut comparer les réflexions sur l’amour de Platon, Spinoza et bell hooks tout en écoutant Michel Sardou avant d’acheter une laisse pour pimenter les moments de sexe. Si l’ambiance rappelle celle de certains anciens films de Woody Allen ou de comédies romantiques américaines des années 80, s’y ajoute la frénésie de vivre à tout prix le présent dans un monde qui s’écroule. La mise en scène assume ses excès et ses gags, tout comme les séquences émouvantes : car après tout, c’est aussi la vieillesse qui arrive trop vite et l’empêchement de l’amour qui sont ici évoqués.
« Simple comme Sylvain » de Monia Chokri, (France/Canada, 1h50) avec Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume, Monia Chokri. Produit par Metafilms, MK2 Films, et distribué par Memento. Cannes 2023, Un Certain regard. Sortie deuxième semestre 2023.