Un an après les attaques du 7 octobre, les Guerrières de la Paix Hanna Assouline et Sonia Terrab réalisent « Résister pour la paix ». Dans ce documentaire, elles sillonnent Israël et la Cisjordanie à la rencontre de celles et ceux qui portent un message d’espoir et d’apaisement. Un film lumineux.

Le 4 octobre 2023, les Guerrières de la Paix, association rassemblant des militantes venues du monde entier, se rendaient en Israël et en Cisjordanie pour rejoindre The Mother’s Call, grande marche organisée par les associations de femmes palestiniennes “Women of the Sun” et de femmes israéliennes “Women Wage Peace“. À l’unisson, ces milliers de femmes lançaient un appel pour la paix sur “cette terre meurtrie par des décennies de guerre et de douleur”. Elles n’imaginaient alors pas la série d’attaques perpétrées par le Hamas qui allaient survenir trois jours plus tard.
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Documenter l’espoir
Y retourner. C’est la nécessité qui s’est imposée à Hanna Assouline, fondatrice des Guerrières de la paix et réalisatrice, et Sonia Terrab, membre de l’association, après le 7 octobre 2023. Ensemble, elles ont retrouvé les militants et militantes de la paix rencontré.e.s lors de leur précédent voyage. Tel Aviv, Jérusalem, Ramallah, Bethléem à Bet Jallah, en passant par des kibboutz et checkpoints, les réalisatrices recueillent la parole de celles et ceux qui luttent pour la paix au quotidien.
Le film s’ouvre sur la maison en ruine de Viviane Silver. Les Guerrières de la Paix avait rencontré l’activiste quelques jours avant qu’elle soit violemment tuée le 7 octobre 2023. Elle déclarait alors : « Nous passons tout notre temps à convaincre les autres Israéliens que la paix est possible ». L’autre figure forte du film, c’est Nava Hefetz, femme rabbin. « Tant que les otages ne sont pas libérés, tant que l’armée israélienne est encore à Gaza, on est au 7 octobre », déplore-t-elle, avant de poursuivre : « Crier on veut la paix, ce n’est pas suffisant. La paix il faut la faire ».
Au cours de leur voyage, les réalisatrices s’en vont également en Cisjordanie où elles retrouvent Reem Al-Ajajra, cofondatrice des Women of the Sun et pour qui le combat pour la paix a toujours été une évidence : « Au début, c’était un peu difficile de convaincre les hommes de ma famille, mais je me suis imposée et je vais continuer, qu’ils le veuillent ou non ! ».
Chacune de ces militantes défend cet engagement inconditionnel pour la paix entre Israéliens et Palestiniens. Elles ne sont pas les seules.
Choisir le camp de la paix
Dès le début de cette guerre, Hanna Assouline et ses camarades des Guerrières de la Paix interpellaient dans une tribune « les responsables politiques qui hésitent sur leurs postures ou choisissent un camp plutôt que d’avoir les mots justes pour toutes et tous« . Dans leur documentaire, Hanna Assouline et Sonia Terrab dissèquent cette injonction à “choisir un camp”, puisque selon elles, « les deux seuls camps qui existent dans ce conflit opposent en réalité celles et ceux qui luttent pour la Paix, la Justice et la Liberté face aux propagateurs fascistes de haine, de destruction et de guerre ».
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« Les réseaux sociaux nous poussent à voir le monde en noir et blanc, avec des narratifs très polarisés. Vous êtes soit pro-israélien, soit pro-palestinien. C’est pour cette raison qu’un troisième narratif doit émerger », soutient Ibrahim Abu Ahmad, co-créateur du podcast Unapologetic, lancé suite au début de la guerre en octobre 2023. Les pérégrinations des réalisatrices les emmènent également chez Ali Abu Awwad, surnommé le “Gandhi palestinien”, qui ajoute : « C’est facile de prendre parti, mais c’est plus difficile d’être un leader du changement ».
Les femmes sont au cœur de ce processus d’apaisement du conflit. Les Guerrières de la Paix mènent ce combat depuis leur création. Les activistes rencontré.e.s dans ce documentaire y ont consacré leur vie. Reem Al-Ajajra insiste : « En tant que mère et femme, je veux qu’ils sachent que j’ai mal. Que mes dirigeants laissent les choses aller ainsi me fait souffrir. Nous les femmes, nous sommes l’espoir ». Ses paroles résonnent à l’international. Les féministes du monde entier se mobilisent. Dans une tribune publiée dans Politis, l’Assemblée féministe Paris-Banlieue appelait à une mobilisation le 8 septembre pour la « fin du génocide en Palestine » et pour construire « une solidarité féministe véritablement internationaliste ».
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Dans ce film, Hanna Assouline et Sonia Terrab relaient la « parole fragile et lumineuse » de ces femmes et de ces hommes porteur.euse.s d’espoir. Malgré l’horreur de la guerre, une voix commune, entre le peuple israélien et palestinien, existe et est possible. C’est la conviction qui nous habite à la fin de ce documentaire puissant et essentiel.
« Résister pour la paix« , un film d’Hanna Assouline et de Sonia Terrab. À voir en replay sur Public Sénat.