Une nouvelle étude le confirme : les femmes doivent encore se sur-adapter dans un monde conçu par et pour des hommes exempts de contraintes familiales. Elles intériorisent des préjugés sexistes et finissent par renoncer à de belles carrières.
« Travail, alors heureuse ? » c’est la question que pose le premier Baromètre Ipsos–« Elle »–« La Tribune Dimanche » sur le Rapport des femmes au travail révélé le 13 avril. Et la réponse est «non.»
Ce n’est pas que le monde du travail rémunéré soit ouvertement hostile aux femmes… Simplement il ne veut rien changer, ou si peu, à son mode de fonctionnement, à ses habitudes et ses valeurs datant d’un temps où le schéma dominant était : travail à l’extérieur rémunéré pour les hommes et travail à la maison non rémunéré pour les femmes. (Et, manifestement, à la maison rien ne semble changer non plus mais le baromètre n’en parle pas.)
Grosse fatigue !
Le premier adjectif qui vient à la tête des femmes pour qualifier leur état au travail est « fatiguée ». 39 % se disent fatiguées professionnellement, et évoquent un épuisement généralisé. Soumise à la double injonction de gérer la vie familiale et s’investir dans leur travail, elles subissent une présomption de non dévouement à l’entreprise qui est préjudiciable pour leur carrière.
53% des femmes interrogées considèrent qu’avoir une vie de famille handicape leur carrière. Elles sont victimes de préjugés sur leur lieu de travail : 61% des personnes interrogées ont entendu des remarques sur les contraintes de leur vie personnelle, notamment des boutades sur le fait de « se la couler douce à temps partiel ».
Présomption d’incompétence… surtout pour les femmes managers
La présomption d’incompétence plane toujours. 64 % des femmes se sont vu expliquer des choses qu’elles maîtrisaient déjà… Et c’est 73 % pour les seules femmes managers !
52% ont été sollicitées pour prendre des notes… et 65 % chez les femmes managers.
48 % ont été appelées par des noms familiers méprisants et sexistes comme « ma cocotte » ou « ma chérie »… Et ce taux monte à 60% pour les femmes managers.
Rabaisser celles qui pourraient faire concurrence aux hommes sur des postes enviés semble être une pratique courante en entreprise.
Travail de sape
Ce travail de sape fait son œuvre, les femmes ne vont pas trop aller briguer les postes alléchants que les hommes vont garder pour eux. 43% d’entre elles ne se déclarent pas ambitieuses et seulement 53 % espèrent une progression professionnelle.
Même effet délétère sur les salaires : 59 % estiment que leurs collègues masculins gagnent davantage à ancienneté et responsabilités égales. Et 48 % des femmes sont mécontentes de leur salaire et dénoncent la sous-valorisation des métiers féminisés. A juste titre (lire : )
Ces phénomènes sont connus depuis des années, mais le monde des entreprises ne fait pas grand-chose pour se rendre moins hostile aux femmes. L’hostilité franche n’est pas de mise, il suffit simplement de ne rien faire de particulier pour laisser perdurer une culture de domination masculine dans le monde du travail.
Rien ne changera sans démarche volontariste pour faire cesser les remarques et comportements sexistes, revoir les règles écrites et non écrites de progression de carrière, en finir avec le présentéisme et affirmer une politique de conciliation vie familiale vie professionnelle.
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