En 2024, le droit à l’IVG est toujours source de discorde. Et les pays européens ne sont pas tous logés à la même enseigne. Tandis que certains essayent d’améliorer l’accès à l’IVG, d’autres rétropédalent, à l’image de l’Italie. Tour d’horizon.
Alors que la France vient d’inscrire dans sa Constitution le droit à l’interruption volontaire de grossesse, d’autres pays tentent quelques efforts pour en améliorer l’accès. Et pour d’autres, tout est fait pour entraver ce droit au maximum.
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Dans ce contexte très incertain concernant les droits des femmes, des féministes européennes s’allient et luttent ensemble pour la garantie de ces droits. Et c’est à travers la création du mouvement “Ma voix, mon choix”, porté notamment en France par l’élue et militante Alice Coffin, que se manifeste cette lutte. Dans un entretien pour Cheek Magazine, Alice Coffin témoigne : « Cette initiative réunit les plus grosses organisations féministes européennes pour obtenir du Parlement un changement de législation sur l’avortement, qui permettrait que l’UE fasse rembourser toute citoyenne qui doive traverser les frontières ou changer de pays pour avorter. »
L’Allemagne souhaite renforcer le droit à l’IVG
L’article 218 du Code pénal de la République fédérale allemande interdit l’avortement, sauf en cas de viol ou de danger pour la vie de la femme enceinte. Aussi curieux que cela puisse paraître, l’IVG est donc illégale en Allemagne mais dépénalisée. Les femmes ayant recours à l’avortement ne risquent donc aucune sanction pénale. En revanche, les médecins n’ont pas le droit de donner des informations concernant cette pratique. Le paragraphe 219a du Code pénal allemand interdit strictement la “promotion de l’avortement”. En 2017, Kristina Hänel, une gynécologue allemande a d’ailleurs été condamnée à 6000€ d’amende. Son crime ? Avoir indiqué sur son site internet qu’elle pratiquait des avortements et donné quelques explications médicales à ce sujet.
C’est donc pour rendre la loi plus claire que l’Allemagne se penche sur le sujet. Le gouvernement d’Olaf Scholz a missionné une commission de 18 expertes pour travailler dessus. Celle-ci demande à ce que l’IVG soit rendue légale pendant les douze premières semaines de grossesse. Bien entendu, cette proposition divise les camps politiques allemands. Tandis que la droite appelle à une augmentation des naissances, la gauche souhaite faire avancer les droits des femmes. Un projet de loi a été présenté ce 17 avril en conseil des ministres.
La Pologne progresse tout doucement vers un accès à l’IVG
Du côté de la Pologne, l’interruption volontaire de grossesse n’est pour l’instant autorisée qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la femme enceinte. Depuis le changement de gouvernement en octobre dernier, les polonaises ont espoir de voir s’assouplir ces conditions d’accès. C’est dans ce contexte que le Parlement examinait ce 11 avril quatre propositions de lois concernant l’avortement dont une qui visait à durcir les conditions d’accès… Mais contre toute attente, les trois propositions accordant aux femmes davantage de droits en matière de procréation ont été approuvées. Elle doivent désormais être soumises à une commission parlementaire spéciale.
Même s’il s’agit indéniablement d’un petit signe encourageant donné en direction des droits des femmes, la partie est encore loin d’être gagnée. La promulgation dépend en effet du président Andrzej Duda, un ultraconservateur catholique… En cas d’impossibilité pour l’opposition de renverser la décision du président, il faudra attendre l’année prochaine et les élections présidentielles pour espérer voir Andrzej Duda remplacé par un candidat libéral prêt à s’engager sur ce terrain-là.
Une nouvelle loi anti-IVG en Italie…
Même si l’avortement est autorisé en Italie depuis 1978, son accès est loin d’être facile. Beaucoup de médecins s’opposent à pratiquer des avortements et les Italiennes font face à un vrai parcours de la combattante. Et ce n’est pas la nouvelle loi qui vient d’être adoptée par le gouvernement de Giorgia Meloni qui va améliorer la situation. En effet, le Parlement italien vient d’adopter une mesure autorisant les militants anti-IVG à accéder aux cliniques pratiquant les IVG. Si la mesure peut sembler anodine puisqu’elle ne remet pas en cause la loi, le message donné est au contraire très préoccupant. Avec un gouvernement qui donne du poids aux anti-avortement et des conditions d’accès à celui-ci très compliquées, le but affiché est très clair : inciter les femmes à ne pas avoir recours à l’avortement.
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