Sistafund I prévoit d’investir dans les premières levées de fonds de startups dirigées, ou co-dirigées, par des femmes. Déjà doté de 30 millions d’euros, son ambition est d’atteindre les 100 millions.
Après le rire, retour au nerf de la guerre des entrepreneurs : les investissements. Sista, le collectif qui veut réduire les inégalités de financement entre femmes et hommes entrepreneurs, crée son premier fonds d’investissement, le Sistafund I. Objectif : financer des start-ups portées par des équipes comptant au moins une femme co-fondatrice.
Le rire c’était en mars dernier, lorsque les Sista sortaient un film posant aux dirigeants d’entreprises des questions habituellement posées aux dirigeantes. Des questions dont les réponses, quelles qu’elles soient, rendent ces femmes futiles et peu crédibles aux yeux des investisseurs.
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Alors, puisque les investisseurs ont une mauvaise image des femmes, le mieux est de créer un fonds qui leur est réservé.
Le Sistafund I, créé en partenariat avec l’accélérateur 50 Partners, a pour objectif de collecter 100 millions d’euros. Initié par Tatiana Jama, cofondatrice de Sista, il a déjà embarqué BNP Paribas, la FDJ et L’Oréal et annonce aujourd’hui une première étape à 30 millions d’euros.
Le fonds prévoit d’investir dans les premières levées de startups dirigées, ou co-dirigées, par des femmes, avec des participations allant de 250000 à trois millions d’euros en France et en Europe. Mais il pourrait investir aussi dans des entreprises créées aux Etats-Unis.
Et pourtant elles performent !
Le monde de l’économie encore est très réticent à s’ouvrir aux femmes. Pourtant, Sista et d’autres ne cessent de le marteler : les entreprises dirigées par des femmes surperforment (mais il faut y voir une corrélation et pas un lien de causalité.)
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Mais ça ne suffit pas à convaincre les investisseurs. Une étude réalisée par Sista et le BCG en 2021 montrait que les équipes 100% masculines avaient récolté plus de 90% des fonds levés en 2020
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Sista fait bouger les lignes : le collectif a fait signer une charte à 350 sociétés de capital-risque et accélérateurs d’entreprise les engageant à ce qu’au moins 25 % des startups qu’ils soutiennent d’ici 2025 aient au moins une femme cofondatrice.
Petit à petit, la législation évolue pour briser les réticences des financeurs. En 2021, une loi a été adoptée obligeant la banque publique française BpiFrance à s’assurer qu’au moins 30 % des membres de ses comités de sélection sont des femmes, et qu’au moins 30 % des membres des comités d’investissement des sociétés de capital-risque qu’elle soutient sont des femmes.
Les évolutions sont très lentes, alors, parce qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, Sista a raison de créer ce fonds spécifique. En espérant que des équipes masculines ne s’associeront pas avec une femme alibi pour obtenir des fonds…