Les entreprises respectant la parité femmes hommes constituent des actifs nettement plus rentables que les autres démontre une étude de Blackrock. Mais elles n’adoptent la parité que sous contrainte.
« Stimuler la croissance mondiale en investissant dans les femmes » c’est le titre d’une récente étude de Blackrock, gestionnaire d’actif étatsunien aux 9.425 milliards de dollars. Une des plus larges études sur le sujet menée à partir des données de 1.250 grandes entreprises de l’indice MSCI World, (les principales sociétés cotées de 23 pays développés).
Elle observe que les entreprises dont les effectifs sont les plus mixtes offrent de des rendements sur actifs bien supérieurs à ceux de leurs pairs dans chaque pays et dans chaque secteur. Dans ces entreprises les rendements sont en moyenne de de 7,7 % alors qu’ils sont de 5,6% dans les entreprises où les hommes sont plus nombreux et de 6,1% quand les femmes sont en surnombre…
La parité plus que les femmes
L’étude parle de ‘sweet spot’, (point idéal), « Ni la sous-représentation ni la surreprésentation des femmes – ou des hommes, d’ailleurs – ne sont optimales. » L’étude assure que c’est « la diversité » qui fait la rentabilité, pas les femmes seules.
L’étude montre aussi que, aux États-Unis en particulier, les entreprises qui offrent de longs congés de maternité sont aussi plus rentables : la satisfaction supérieure de leurs employé.es les motive à performer davantage.
Ce n’est pas la première étude soulignant les vertus de la parité pour la rentabilité et pourtant… Les entreprises persistent à afficher des organigrammes sexistes : plus on monte vers les sommets, moins on trouve de femmes ainsi que le montre cette infographie de Bloomberg. 49 % de femmes au niveau le plus bas et… 6 % au niveau le plus haut.

Le cabinet McKinsey avait été précurseur en 2007 avec la première étude de la série « Women matters research» intitulée : « Gender diversity, a corporate performance driver » (Diversité des genres, moteur de performance des entreprises). Et pendant plusieurs années, toute présentation à un Comex ou Codir sur la question de l’égalité femmes hommes se basait sur cette étude.
Parité sous contrainte, malgré la rentabilité
Mais cela n’a pas suffit à pousser les directions d’entreprises à ouvrir la porte aux femmes. Il a fallu des lois contraignantes, votées souvent dans la douleur. Loi Copé Zimmrmann en 2011 imposant des quotas de femmes dans les Conseils d’administration, Loi Rixain 11 ans plus tard pour des quotas dans les exécutifs…
Depuis 2007, en France comme aux Etats-Unis, McKinsey a poursuivi ses « Women matters research » en ajoutant à la question de la performance des questions qui intéressent les directions des ressources humaines : qualité de vie au travail, leadership, flexibilité… La dernière édition de l’étude McKinsey de 2023 met en lumière une distinction entre les femmes blanches et les femmes de couleur : si les premières sont toujours principalement bloquées par un « plafond de verre » lorsqu’elles approchent des postes de dirigeantes aux Etats-Unis, les secondes ne passent pas la première marche, c’est « l’échelon brisé ».
Cetet étude montre aussi que les femmes, arrivées au plus haut niveau, peuvent être amenées à claquer la porte des entreprises tant elles sont mal à l’aise avec la culture masculine qui y règne.
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Blackrock remet, 16 ans plus tard sur le devant de la scène la corrélation entre parité et rentabilité… Les dirigeants vont-ils, cette fois-ci se précipiter pour nommer des femmes au plus haut niveau ? A l’heure où beaucoup d’entre eux parlent de « gender fatigue » (ils seraient épuisés d’en avoir trop fait pour les femmes) il est permis d’en douter.