A quelques semaines de la conférence de Copenhague sur le changement climatique (du 7 au 18 décembre), les ministres européens de l’Environnement sont tombés d’accord sur des objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES). Mais côté finances, ça bloque. Entre Est et Ouest, entre ministres et députés européens, l’Union ne parvient pas à parler d’une même voix sur l’aide à apporter aux pays pauvres dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Les ministres de l’Environnement ont affiché une belle unité mercredi 21 octobre. Ils ont pu se mettre d’accord sur une position commune en vue du sommet de Copenhague. Un « franc succès », s’est réjouie Teresa Rodrigues, Secrétaire d’Etat espagnole pour le Changement climatique. L’Union s’engage à réduire d’ici 2050 ses émissions de GES d’au moins 80% par rapport au niveau de 1990. Et de 30% dès 2020. A cette date, les émissions dues au transport aérien et maritime devront être en dessous des niveaux de 2005, respectivement de 10 et 20%. Des engagements chiffrés comme bases pour les négociations internationales de Copenhague ; mais qui ne sont pas sans condition. Andreas Carlgren, le ministre suédois de l’Environnement, dont le pays préside actuellement l’Union, l’a rappelé : les autres parties, dont les pays en développement, « devront faire leur part du travail ».
Et c’est là que les choses se compliquent. Car les pays en développement, pour accomplir leur part, réclament un soutien financier des pays riches. Interviennent alors les ministres européens des Finances. Eux se sont réunis mardi, et se sont séparés sur un désaccord. Les pays de l’Est, principalement, refusant d’engager des efforts financiers supplémentaires. La réunion s’est avérée « décevante », a reconnu le ministre suédois des Finances. La responsable Climat de Greenpeace France, Karine Gavand, dénonce un « fiasco », qui « concrétise la probabilité d’un échec à Copenhague. Le soutien financier aux pays en développement est une condition sine qua non d’un accord mondial sur le climat. »
En fait, ces discordances sur les questions d’argent persistent à tous les niveaux des institutions européennes. Car, ce mardi également, la commission Environnement du Parlement européen appelait l’Union à accorder des aides aux pays pauvres à hauteur d’au moins 30 milliards d’euros par an. Deux fois plus que ce que propose, au mieux, la Commission européenne pour le moment. Sur la question des émissions de GES également, les députés se montrent plus exigeants que les ministres. Ils réclament que les réductions d’ici 2020 se trouvent « dans la partie supérieure d’une fourchette comprise entre 25 et 40% ». Avec les 30% proposés par les ministres de l’Environnement, on est plutôt dans le bas de la fourchette.
Une baisse de 40% pour 2020, c’est aussi l’effort réclamé par les ONG et organisations militantes. Elles se feront entendre ce samedi, 24 octobre, journée d’action autour du climat. Une journée pour appeler les dirigeants à prendre des décisions « concrètes et ambitieuses ». La réponse ne se fera pas attendre longtemps : après les ministres, le dossier Copenhague va maintenant échoir aux chefs d’États et de gouvernements européens. Ils se réuniront les 29 et 30 octobre à Bruxelles.