Judith Godrèche présentera ce mercredi 15 mai “Moi aussi” en ouverture de la section Un certain regard au festival de Cannes. Très attendu, ce court métrage choral, donnant la voix à des victimes anonymes, dénonce les violences sexuelles et s’inscrit dans la lignée de son célèbre discours aux César.
«C’est notre histoire. C’est votre histoire. Ce film vous appartient. Vos visages. Vos regards. Votre beauté. Merci pour la confiance. Je mesure sa valeur. Elle est immense. J’aimerais que ce film se pose sur votre table de chevet. Comme un livre ou un mot qui nous sourit – nous soutient, et nous rappelle que nous ne sommes pas seules et seuls, quand tout trébuche. Merci.» : sur Instagram, Judith Godrèche dévoile ainsi l’affiche de son court métrage.
A elle seule, cette affiche en dit beaucoup. Une foule immense, des hommes mais aussi et surtout en grande majorité des femmes, toutes générations confondues. Debout, comme une seule femme. Et témoignant d’une même voix « Moi aussi ». Au centre, la lumière éclaire un peu plus une jeune femme en blanc, qui n’est autre que Tess Barthélémy, la fille de Judith Godrèche dont le nom apparaît au bas de l’affiche.
Un appel à témoignages à l’origine de Moi aussi
Tout a débuté par un appel à témoignages, lancé le 10 février dernier sur Instagram par Judith Godrèche. Dans celui-ci elle invitait ses followers victimes de violences sexuelles à lui écrire « Moi aussi ». Que ce soient quelques mots, lignes ou des récits plus complets, elle reçoit très rapidement des milliers de témoignages. Des femmes, mais aussi des hommes, victimes de violences sexuelles qui ont osé écrire et se livrer, certain·es pour la première fois.
C’est le cas d’Eloïse (le prénom a été modifié) que Les NouvellesNews a rencontrée. Elle nous raconte que cet appel à témoigner a ouvert en elle une porte : « Je me suis tellement retrouvée dans son témoignage que j’ai eu envie de me délivrer […] J’avais l’impression d’avoir lâché un fardeau. Je ne pensais pas spécialement qu’il serait lu mais ça m’a fait du bien de me libérer de ce secret ».
A travers un communiqué du festival de Cannes, Judith Godrèche se confie elle aussi. « Tout à coup, devant moi une foule de victimes, une réalité qui représente la France aussi, tant ces récits surgissent de toutes les origines sociales, de toutes les générations. S’est alors posée la question de ce que j’allais en faire. Qu’est-ce qu’on fait quand on est submergée par ce qu’on entend, par la quantité de témoignages ? »
Donner une voix à ces « Moi aussi »
Très touchée par tous ces témoignages reçus, Judith Godrèche ressent le besoin de leur donner une voix et de les faire entendre. Elle se lance alors dans l’écriture et la réalisation de « Moi aussi », donnant ainsi la parole à de nombreux·ses anonymes. Ce court métrage de 17 minutes «met en scène ce chemin âpre mais salvateur, de la douleur sans mots au début d’une libération par la parole » peut-on lire dans le communiqué.
Une foule immense envahit l’espace. Libérés, les récits personnels résonnent à travers l’unique voix de Tess Barthélémy.
« La musique, la danse, l’image, l’imaginaire leur offrent un espace aussi physique que symbolique : être ensemble, en pleine rue, en plein jour, et occuper la ville comme un geste militant. »
Communiqué du festival de Cannes
Peu de temps après son témoignage, Eloïse reçoit un mail lui proposant de participer au tournage sur Paris : « J’étais estomaquée. Pour moi, c’était juste un mail qui resterait en non lu ». Elle ne peut malheureusement pas s’y rendre mais la société de production (Maneki Films) lui demande tout de même son accord pour utiliser une de ses phrases dans le court métrage. « J’ai alors été prise d’un petit moment de panique. Même si je reste anonyme, le fait que les gens entendent une bribe de mon témoignage, cela le rend réel aux yeux de tous·tes. »
Bien entendu, elle accepte. Et c’est finalement de la fierté qu’elle ressent désormais en découvrant l’affiche de ce court métrage sur le point d’être dévoilé au public. « Mon témoignage et celui de milliers d’autres va faire écho à encore des milliers d’autres personnes qui auront peut-être le courage de dire « Moi aussi ». Quelque part, je suis assez fière de participer à cela ».
« Moi aussi » est à découvrir ce mercredi 15 mai à Cannes lors de la cérémonie d’ouverture Un Certain Regard, dans la salle Debussy du Palais des Festivals. Puis au Cinéma de la Plage, en accès libre.
Il sera ensuite diffusé le samedi 25 mai à 20h40 sur Culturebox.
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