Les ingénieures ne sont pas des call girls
Aussitôt sortie, aussitôt retirée. Le spot de la Commission Européenne « Science: it's a girl thing! » vient de faire un bide retentissant sur la Toile.
Plusieurs mannequins défilent, sous l’œil gourmand du seul homme en tablier blanc qui apparaît dans le spot. Gloss dans un cœur rose, talons aiguilles, bouche canard, ricanements avec jeté de cheveux en arrière, rouge à lèvres pris pour stylo, poses de magazine de mode... tous les signes du glamour chic sont là. Au point de faire oublier les images d’expériences chimiques qui entrelardent les séquences fashion pour dire que la science c’est aussi la cosmétique. L’œuvre est supposée inciter les filles à choisir des métiers scientifiques... Bronca sur la toile ! C’est du sexisme lit-on un peu partout en Europe (le blog « décrypter la communication européenne » les recense ici )
Illico, la Commission a décidé de retirer le spot de sa chaîne Youtube « Science: it's a girl thing! » (mais elle est encore visible ici)
Elle avait pourtant bien analysé les blocages qui empêchent les filles d’embrasser des carrières scientifiques : des questions d’image. Nous baignons dans un tel océan de stéréotypes que l’inconscient des filles dit à peu près : si je fais un métier masculin, je ne suis plus une vraie fille et ça va être coton pour trouver un homme... parce que les mêmes stéréotypes dictent que, pour une fille, la priorité dans la vie, est de trouver un prince, faire des enfants. Alors bon, je ferai instit ou infirmière... Et il faut une indépendance d’esprit supérieure à la moyenne oublier ces images et regarder la réalité : les femmes scientifiques et dirigeantes ne portent pas de moustache.
Mais l’image est plus puissante que le réel. La sociologue Catherine Marry a par exemple montré que les filles se sont orientées vers les métiers de l’informatique dans les années 80 quand ces métiers étaient associés à la bureautique. L’image d’un travail de bureau collait à l’inconscient féminin. Années 90, patatras : l’image de l’informatique est associée au hacker qui programme des nuits entières dans son garage, une bière d’un côté, une pizza de l’autre... Et le pourcentage de filles s’orientant vers l’informatique s’effondre.
Il faudra sans doute plus qu’un spot pour faire évoluer ces stéréotypes ou pour au moins s’en affranchir. Peut-être faudrait-il aussi inciter les hommes à s’orienter vers des carrières de femmes... Mais pas en faisant de Robocop une infirmière...
Les ingénieures ne sont pas des call girlsAussitôt sorti, aussitôt retiré. Le spot de la Commission Européenne « Science: it's a girl thing! » vient de faire un bide retentissant sur la Toile.
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