Notre maison brûle et nous regardons… un concours de zizi : haro sur l’idée de baisser la consommation de viande pour faire face au dérèglement climatique, haro contre l’association viande / virilité.
Samedi soir, Sandrine Rousseau, députée EELV s’est à nouveau exposée à la hargne des anti-féministes. Alors qu’elle participait à un débat sur le bien-être animal et l’impact d’une trop grande consommation carnée sur le dérèglement climatique, elle a fait remarquer que la problématique était, en outre, sexuée : « Il faut changer aussi de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité ».
A peine sa phrase était-elle postée sur les réseaux sociaux que les attaques ont fusé. Sur le fond, elle avait pourtant raison. D’abord, tous les scénarii de lutte contre le changement climatique s’appuient sur une réduction significative de la consommation de viande. Les hommes en consomment plus que les femmes. Et de nombreuses études montrent que la consommation de viande est associée à la virilité. D’autres montrent pourtant que les besoins en fer -contenu dans la viande rouge- des femmes sont supérieurs à ceux des hommes. La journaliste et autrice Nora Bouazzouni explique tout cela dans son livre Steakisme – En finir avec le mythe de la végé et du viandard. Ce sont des sujets que nous abordons souvent (voir articles cités ci-dessous.)
Mais comme c’est Sandrine Rousseau qui le dit, la droite, l’extrême droite, une partie du centre et de la gauche… et même ceux qui ne sont pas politisés lui tombent dessus. Ses propos font écho à l’idée de déconstruction de la virilité pour la rendre moins toxique et ça, les hommes, les vrais, attablés devant une entrecôte n’aiment pas du tout !
Ils se sont alors livrés à un concours d’ignorance crasse… Même pas drôles ! Le député LR Eric Ciotti ne prend pas la peine d’argumenter :« Quand le grotesque atteint son paroxysme… Stop à ces délires! » Alors que son collègue du RN Julien Audoul y va de ses élucubrations en répondant à Clémentine Autain, députée LFI qui s’appuie sur la sociologie pour approuver les dires de Sandrine Rousseau : « La masse musculaire des hommes les conduit, depuis la nuit des temps, à consommer davantage de viande (protéines) que les femmes. Ce n’est pas du « virilisme » c’est juste la nature ! » Personne ne sait d’où sort cette idée… Les alliées utiles de la domination masculine y vont de leur soutien indignée « Ça suffit d’accuser nos garçons de tout! Stop à ‘déconstruction’ de nos hommes ! Stop aux délires de Rousseau » écrit Nadine Morano. Tandis que la journaliste du Figaro, Eugénie Bastié se lamente : « Il ne reste en effet peut être plus que le barbecue comme petit rituel résiduel d’une virilité impitoyablement pulvérisée partout dans la culture, et même ça elles veulent leur enlever ».
Dans la ribambelle de tweets d’internautes, revient aussi le vengeur : « Parlons des femmes et de leurs cosmétiques qui sont testés sur des animaux au prix de souffrances innommables »
Mais en face, les tweets sont bien plus drôles. Blanche Jardin écrit par exemple : « Un clitoris c’est plus de 8000 terminaisons nerveuses mais ça reste toujours moins sensible qu’un mec à qui on parle de réduction de sa consommation de viande. » Beaucoup font remarquer que ceux qui se lamentent aujourd’hui, parlent habituellement avec mépris des militants écolos qu’ils ne trouvent pas assez virils en les qualifiant d’ « homme soja » ou « mangeurs de graines ». Mais quand une personne dit que la viande est un totem viril, ils la traitent de folle…
Ségolène Royal avait eu droit à des sarcasmes pour avoir tenu un raisonnement proche
lire : PRIX HUMOUR ET POLITIQUE : LA PALME DE L’IGNORANCE
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » avait dit Jacques Chirac lors d’un discours prononcé le 2 septembre 2002 au sommet de la Terre de Johannesburg. 20 ans plus tard, notre maison brûle toujours plus et ils regardent leur égo viril.
AJOUTS : les réactions courroucées d’hommes atteints dans leur virilité se poursuivent.
Ajout 1 : du côté des communistes, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, en a rajouté, tout en finesse et en élégance au micro d’Europe 1 : «Vous n’allez pas me parler du sexe des escalopes ? (…) On mange de la viande en fonction de ce qu’on a dans le porte-monnaie, pas de ce qu’on a dans son slip ou dans sa culotte »…
Ajout 2. Le dessinateur Plantu qui a lontgemps officié au journal Le Monde a posté ce dessin. Beaucoup d’internautes l’invitent à prendre vraiment sa retraite.

Ajout 3 : réponse limpide de Nora Bouazzouni aux ignorants qui la harcèlent sur twitter « on parle viande et symbole virilste, vous entendez « les hommes sont des connards le BBQ c’est nul supprimons-les ». vous êtes obsédés par votre petite personne. votre ego est si fragile, votre identité si précaire, qu’elle se laisse déstabiliser par des galettes de pois chiches. »
Ajout 4 : Sur TF1 un article intitulé « Virilité sur le grill : quand Arnold Schwarzenegger tenait le même discours que Sandrine Rousseau » rappelle que l’acteur américain et ancien gouverneur de Californie se dit « à 80% vegan depuis cinq ans« , dans un documentaire, il déclare notamment « On vous vend l’idée que les vrais hommes mangent de la viande. Mais il faut bien comprendre que c’est du marketing. Ce n’est basé sur aucune réalité »,
c'est votre femme qui prépare le barbecue ? je m'en carre aussi, car : personne n'a jamais parlé de ça, en fait. on évoque des stéréotypes de genre. mais c'est bien, avec vos réactions minables et basses de plafond, vous avez prouvé à quel point il était crucial de les combattre.
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