Le ministère de l’Intérieur signale une hausse des violences sexuelles enregistrées. Hausse qui s’expliquerait par le combat autour de #MeToo pour un meilleur accueil des victimes par les forces de l’ordre.

Ce mardi 31 janvier, le service statistique en charge de la sécurité intérieure au ministère de l’Intérieur, le SSMSI, a publié une « première photographie » inquiétante de « l’insécurité et la délinquance en 2022 » : « Le nombre de victimes de coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) enregistrées augmente fortement en 2022 (+15 %, après +12 % en 2021). » Et, indique le résumé « la hausse est légèrement plus forte pour les victimes de violences intrafamiliales enregistrées (+17 %) que pour les victimes d’autres coups et blessures volontaires (+14 %). La hausse est également très nette pour le nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées (+11 % en 2022, après +33 % en 2021).»
Le SSMSI note que le nombre de victimes de violences sexuelles enregistré augmente sensiblement depuis une dizaine d’années avec une accélération depuis 2017. « En 2022 comme en 2021, la très nette hausse des violences sexuelles enregistrées concerne autant les viols et tentatives de viols (+12 %) que les autres agressions sexuelles y compris harcèlement sexuel (+11 %). » Les viols ou tentatives de viols représentent 45 % du nombre de victimes de violences sexuelles enregistrées en 2022
Difficile de savoir si ces chiffres reflètent une augmentation des faits de violence ou une meilleure prise en compte de ces faits par les policiers et gendarmes. Les auteurs du rapport semblent pencher pour la deuxième hypothèse.
Ils voient « une évolution du comportement de dépôt de plainte des victimes, dans le prolongement de l’affaire Weinstein (octobre 2017) et des différents mouvements sur les réseaux sociaux en faveur de la libération de la parole des victimes. » Le ministère de l’Intérieur se félicite également d’un « contexte d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de sécurité (notamment organisations adaptées dans les services, partenariats avec les intervenants sociaux et les hôpitaux). Ainsi, les victimes portent à la connaissance de la police et de la gendarmerie davantage de faits de violences sexuelles, mêmes s’ils ont eu lieu longtemps auparavant : alors qu’en 2018 la moitié des victimes avait déposé plainte pour des faits datant de plus de 3 mois, en 2022, la moitié des victimes a déposé plainte pour des faits datant de plus de 6 mois. » indique le rapport qui note que la hausse des chiffres est imputable essentiellement à des déclarations de faits anciens.
Malgré cette hausse, les faits de violences sexuelle restent sous-évalués. L’enquête Genese, en 2020, montrait que les victimes de violences sexistes ou sexuelles restent peu identifiées. « En 2020, un peu plus d’une victime de violences sexuelles conjugales sur sept (15 %) et un peu moins d’une victime de violences sexuelles hors cadre familial sur dix (9 %) a déposé plainte dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie » rappelle le SSMSI.
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