Une jeune fille qui se transforme en tigresse avec l’arrivée de ses règles, des crises d’épilepsie qui contaminent ses amies d’école, voici un film malaisien unique et combatif. En salle le 13 mars.
[A l’occasion de la sortie en salle de Tiger Stripes, nous publions à nouveau la critique de Valérie Ganne qui avait découvert ce film à Cannes 2023.]
Il est rare d’avoir la chance de découvrir un film venu de Malaisie. Et devant « Tiger Stripes », on comprend que le mouvement d’émancipation féminine est bien parti dans ce pays où les femmes sont voilées dès l’enfance. La réponse de la cinéaste Amanda Nell Eu à cette situation est réjouissante : avec l’arrivée de ses premières règles, sa jeune héroïne Zaffran bouleverse son école, sa famille, son camp scout avant de découvrir la liberté en solitaire dans la jungle. Sans compter un combat contre un exorciste venu retirer le mal de la jeune fille, filmé par les spectateurs du village horrifiés. Il y a là de l’originalité et de l’humour, le film balançant entre le conte et le cinéma de genre horrifique, avec des effets parfois empruntés à Georges Méliès, une magie exaltée par la présence de fantômes et l’attirance de la jungle toute proche.
C’est le premier film d’une jeune réalisatrice pour laquelle l’horreur a été l’introduction à sa passion pour le cinéma. « J’aime énormément le genre car cela me permet d’être ludique et d’exprimer mon côté humoristique. Je suis également fascinée par la croyance dans le surnaturel dans les cultures d’Asie du Sud-Est. Ces contes oraux sont profondément ancrés dans notre société. » déclare Amanda Nell Eu
Cette double inspiration donne toute son originalité à ce premier film inclassable et détonnant, qui a été présenté à la Semaine de la Critique à Cannes et y a gagné le Grand prix du jury.
« Tiger Stripes » de Amanda Nell Eu, (Malaisie 1h30) avec Zafreen Zairizal, Deena Ezral, Piqa, Shaheisy Sam, Jun Lojong, production Ghost Grrl Pictures et Still Moving, distribution Jour2Fête. En salle le 13 mars 2023.