« L’Allemagne pourrait par exemple évaluer la France et la France, l’Allemagne » suggère la candidate aux primaires d’EELV qui veut des auditeurs « indépendants » pour évaluer la sécurité des installations nucléaires françaises.
Eva Joly laboure la campagne pour les primaires d’EELV. Lundi, dans l’ouest de la France, elle consacrait une journée au nucléaire. En commençant par une réunion des Commissions Locales d’Information (CLI) des sites nucléaires du Cotentin. Elle voulait connaitre les premières leçons en matière de sûreté nucléaire tirées de la catastrophe de Fukushima. Le soir, à Caen, elle devait visiter le laboratoire de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) avant de tenir une conférence avec Frédérick Lemarchand, sociologue spécialiste de Tchernobyl et co-directeur du Pôle Risques à l’Université de Caen. Ces visites ne devaient pas la faire changer d’avis sur la sortie du nucléaire et sur les voies à suivre pour y parvenir.
Après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement français a demandé à l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) de réaliser un audit de toutes les installations nucléaires du pays. C’est largement insuffisant selon la candidate écologiste. Que l’Etat français soit à la fois juge et partie ne convient pas du tout à l’ex-juge : « Je fais une demande au gouvernement. Vous dites que vos centrales sont d’une sécurité totale. Alors pourquoi n’admettez vous pas ce que l’Europe demande, que chaque pays soit évalué par un tiers »
Oligarchie
Même si elle reconnaît que l’ASN, a « fait preuve de courage » en expliquant le 30 mars devant les parlementaires qu’elle n’excluait pas un moratoire sur le réacteur de troisième génération EPR en construction à Flamanville, ce n’est pas suffisant. EELV, convaincu de la dangerosité du nucléaire, prône un moratoire sur l’EPR et une sortie en 25 ans du nucléaire.
Et pour y parvenir, il faut en finir avec la consanguinité. « Le milieu du nucléaire est un petit milieu où tout le monde se connaît. C’est une oligarchie particulière qui a la culture du secret. Rien de tel qu’un regard extérieur pour garantir l’indépendance d’un audit », a-t-elle ajouté.
La militante écologiste qui s’est engagée contre la corruption et les paradis fiscaux, ne lâchera pas. Le mois dernier elle était au Mali pour tenter de démêler les croisements d’intérêts autour d’un projet d’extraction d’uranium qui risque de détériorer l’environnement de toute une région.