Les Sénateurs Républicains ont bloqué le projet de loi visant à reconnaître le droit à la contraception. Après le recul du droit à l’IVG, celui du droit à la contraception ?
Il fallait 60 voix, sur 100 sénateurs, pour que soit examiné un projet de loi sur le droit à la contraception présenté par les Démocrates. Et les sénateurs Républicains ont dit « non » mercredi 5 juin. Le texte des Démocrates ne sera pas examiné.
Ces derniers entendaient protéger un droit, à l’approche de l’élection présidentielle, après le recul du droit à l’IVG voulu par Donald Trump, il y a deux ans, quand la Cour suprême des États-Unis a annulé l’arrêt Roe v. Wade.
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Les Démocrates voulaient montrer que leurs adversaires politiques entendent revenir sur un droit dont bénéficient presque toutes les femmes américaines à un moment de leur vie. Leur texte voulait garantir le droit de se procurer et d’utiliser librement des préservatifs, des stérilets et d’autres méthodes de contraception auprès des professionnels de santé.
Derrière le refus de légiférer….
Mais « les Républicains du Sénat viennent de déclarer publiquement qu’ils ne soutiennent PAS l’accès à la contraception », a déclaré Patty Murray, sénatrice démocrate de l’État de Washington, sur X après le vote.
Et la sénatrice républicaine de l’Iowa, Joni Ernst a répondu par un discours de déni accusant les démocrates de « semer la peur au nom de la politique » car argumentait-elle, les contraceptifs ne sont pas exposés à un risque politique… (ce qui rappelle les discours de déni de l’extrême droite lors de la bataille pour la constitutionnalisation du droit à l’IVG en France).
Pourtant, même dans le camp des républicains, des sénatrices qui s’étaient opposées à leur parti pour soutenir le droit à l’avortement, ont voté en faveur de l’examen du projet de loi sur le droit à la contraception.
« Dans un monde parfait, une loi garantissant un droit à la contraception sans interférence des autorités ne devrait pas être nécessaire, mais étant donné l’érosion des droits reproductifs en Amérique à l’heure actuelle, elle est absolument vitale », a déclaré le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.
… des manoeuvres pour faire reculer le droit à la contraception
Car les manipulations vont bon train dans les rangs conservateurs. Depuis des années, le mouvement anti-avortement veut redéfinir le sens du terme « abortif », c’est-à-dire les médicaments qui provoquent des avortements. En 2014, la Cour suprême des États-Unis a autorisé un lobby chrétien, à considérer les pilules du lendemain et les dispositifs intra-utérins (DIU) comme des abortifs alors que les scientifiques disent qu’il n’en est rien. Les pilules du lendemain et les stérilets peuvent empêcher les grossesses de commencer, mais pas interrompre celles qui existent déjà.
Le projet 2025, un livre en faveur de Trump écrit par le groupe de réflexion conservateur Heritage Foundation, recommande que le gouvernement renonce à exiger que les assureurs prennent en charge une pilule contraceptive d’urgence car ils la considèrent comme un « abortif ». Sur son site web, le groupe anti-avortement « Students for Life » affirme que les pilules contraceptives, les stérilets et d’autres formes de contrôle hormonal des naissances sont des « abortifs ».
Et ces conservateurs avancent toujours contre le droit à la contraception. En 2024, dans cinq États ont été présentés des projets de loi visant à restreindre l’accès des mineurs à la contraception, par exemple en obligeant les médecins à informer les parents de leurs patients mineurs.
« J’ai l’impression que l’accès au contrôle des naissances est en train d’être réduit, de la même manière que Roe l’a été », a déclaré Kelsey Grimes, conseillère principale au National Women’s Law Center. Mais elle pense que les gens ne croient pas vraiment que le contrôle des naissances est menacé de la même manière. Ce refus d’examiner une loi garantissant le droit à la contraception va peut-être réveiller quelques personnes…