Pour l’élection présidentielle du 5 novembre aux Etats-Unis, à qui profitera le fossé générationnel entre hommes conservateurs et femmes progressistes chez les moins de 30 ans ?
« Soyez un homme, votez pour une femme » : dans un clip de campagne lancé fin septembre intitulé « Man enough » (Un homme, un vrai), la candidate démocrate Kamala Harris promeut « un nouveau modèle de masculinité qui soutient les femmes ». Son concurrent Républicain, pendant ce temps, multiplie les meetings sur l’air de It’s a Man’s Man’s Man’s World. Un chauffeur de salle redouble de coups de menton affirmant que « les pères veulent que leurs garçons grandissent pour devenir des hommes ! Si vous voulez, appelez ça de la masculinité toxique, allez-y. Nous, on appelle ça de la virilité. »
Jamais, aux Etats Unis, une campagne n’a connu des intentions de vote aussi genrée, particulièrement chez les jeunes. Globalement 52% des hommes disent préférer Donald Trump contre 40% Kamala Harris. Et chez les femmes, 56 % préfèrent Kamala Harris et 37% Donald Trump. Ce qui est déjà une différence considéable. Mais, chez les moins de 30 ans, un sondage New York Times-Siena publié fin août montrait que Kamala Harris « arrive en tête de 38 points chez les femmes, tandis que chez les hommes de la même tranche d’âge, c’est Donald Trump qui domine de 13 points ».
« Bro » contre « brat »
Donald Trump cible les « bros », Kamala Harris a conquis les « brats » explique un article de Courrier International qui a analysé la presse des Etats-Unis. Les « bros », ce sont les jeunes « gars », les mecs qui roulent des mécaniques et sont solidaires face aux femmes qu’ils méprisent. Une « bro culture » pétrie de domination masculine.
Les « brats » ? « Un terme remis au goût du jour par la pop star américaine Charlie XCX et qui désigne les femmes libres et rebelles “très franches, très directes, un peu explosives” »
Pour conquérir ces « bros » Donald Trump n’a pas hésité à s’afficher avec des influenceurs masculinistes, proches du peu recommandable Andrew Tate, qui normalisent la misogynie.
Des démocrates influencés
Problème pour Kamala Harris : une partie de l’électorat masculin démocrate composé d’hommes latinos et afro-américains sensible à ces influenceurs, se tourne vers son concurrent. Elle a beau avoir reçu le soutien de femmes ayant quitté les Républicains après l’attaque du Capitole par Trump et ses partisans, elle a beau s’assurer le vote d’une grande partie des femmes en raison de ses positions favorables à l’avortement contrairement à Trump… pas sûr qu’elle parvienne à compenser ce déficit.
Sa campagne pour imposer une autre image de la virilité risque de peser peu face à la jeune génération d’hommes biberonnés à la virilité sur les réseaux sociaux. Fâchés par #MeToo, ils s’enferment dans les « bulles de filtre » des algorithmes des réseaux sociaux qui limitent l’information de la Génération Z.
Lire : Génération Z : hommes conservateurs, femmes progressistes
Des « bulles de filtre » qui entretiennent la culture bro. Et ne promeuvent pas l’idée de la campagne de Kamala Harris, assurant qu’être un homme, un vrai, c’est voter pour une femme…
Contrairement à Hillary Cinton, Kamala Harris n’a pas voulu axer sa campagne sur le fait d’être une femme, mais au final, elle en pâtit aussi…
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