Pour lutter contre le cyberharcèlement des femmes, l’association DesCodeuses lance une campagne de sensibilisation. Une piqûre de rappel nécessaire alors que la misogynie en ligne est de moins en mois combattue.
« En ligne, la loi protège mieux ce film que les droits des femmes ». C’est le message affiché par la campagne de sensibilisation lancée par l’association DesCodeuses, qui milite pour davantage d’égalité dans le secteur du numérique. Du 27 janvier au 2 février, et sur l’ensemble du réseau Médiatransports, des affiches DOOH – forme de publicité extérieure numérique – rappellent aux passants la réalité glaçante d’une femme présente sur internet.
Le cyberharcèlement des femmes en augmentation
Plus de huit victimes de cyberharcèlement sur dix sont des femmes. Pire, le phénomène serait même en augmentation. En 2015, l’ONU estimait que 73% des femmes dans le monde étaient exposées à de la violence sur Internet, notamment le harcèlement. En 2021, selon une étude de The Economist Intelligence Unit, c’est désormais 85%.
Anonymes comme personnalités publiques, les femmes sont systématiquement la cible de cyberharcèlement. Un flot d’insultes misogynes s’est abattu sur Manon Lanza, créatrice de la chaîne « Allons rider », après une sortie de route lors du GP Explorer, course de Formule 4 organisée par le Youtubeur Squeezie. La journaliste Nadia Daam avait été cyberharcelée par un homme, la menaçant de mort et de viol, elle et sa fille. Cette affaire était l’un des premiers procès pour cyberharcèlement sexuel. Ou encore la streameuse Maghla, qui a dénoncé l’enfer des femmes qui s’exposent sur la Toile et qui reçoivent au quotidien une déferlante de messages insultants, de menaces de viol, des photomontages sur des images de films pornos, des centaines de pages où des hommes se montrent en train de se masturber sur des photos d’elle et des scénarios sexuels autour de sa personne sur des forums.
C’est à partir de ce constat que l’association DesCodeuses imagine sa campagne. Co-financée par la Fondation des Femmes, les visuels s’imposent dans l’espace public à travers de l’affichage sauvage et des affiches de type DOOH pointant du doigt que « les droits d’auteur sont mieux protégés que le droit des femmes ». L’association rappelle qu’« en France, 13,5 millions de courriers d’avertissement ont été envoyés contre le téléchargement illégal mais zéro contre le cyberharcèlement ». Cette campagne s’empare aussi de l’espace numérique et diffuse « l’Album 84 », une série de quatre témoignages audio de femmes victimes de cyberharcèlement. Le but : « sensibiliser et mobiliser la société pour une prise de conscience collective », précise un communiqué.
L’importance de sensibiliser et d’éduquer
Face à l’ampleur du cyberharcèlement, une nécessité s’impose : sensibiliser et éduquer. C’est la mission centrale de l’association DesCodeuses. Créée en 2018, ses membres militent pour accroître la présence des femmes dans la technologie, la cyber-sécurité et le développement informatique.
Pour cela, elles proposent des formations au développement d’applications ou sur les enjeux de cybersécurité et de la protection des données. Elles ne sont pas les seules. Depuis quelques années, les formations et programmes de sensibilisation aux métiers du numériques se multiplient pour que les femmes soient plus nombreuses à s’engager dans ce secteur, comme le Cercle InterElles qui propose une formation gratuite pour éradiquer le sexisme de l’intelligence artificielle. Des outils plus que nécessaires alors que les femmes sont encore 20% moins susceptibles que les hommes d’utiliser l’Internet mais qui restent 27 fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement ou de discours de haine en ligne (étude Commission des femmes des Nations Unies, 2023).
Combattre les biais de genre et la misogynie dans la tech
Les femmes restent moins nombreuses à s’orienter dans le secteur de la tech. Plusieurs facteurs l’expliquent : elles sont moins poussées vers ces filières, et ce dès l’école, le manque de modèles féminins auxquels s’identifier ou encore l’entre soi masculin qui règne dans les formations, notamment dans la prestigieuse école Polytechnique. (À lire : Polytechnique : moins de candidates, la direction se mobilise)
Résultat : internet ressemble à ceux – des hommes – qui le font. Les biais de genre sont ancrés dans les algorithmes et les contenus créés par des hommes sont davantage mis en avant sur les différentes plateformes. Ces biais participent aussi à un climat hostile envers les femmes sur internet et elles sont régulièrement confrontées à la propagation de deep fake. (Lire : Le deep fake pornographique : comme Tylor Swift, les femmes sont en première ligne)
Alors que le groupe Méta (Facebook, Instagram, WhatsApp, …) revoit ses politiques et laisse le champ libre à la désinformation et à une misogynie décomplexée, le phénomène pourrait empirer. Heureusement, les initiatives pour promouvoir une juste représentation des femmes sur internet se multiplient. (Lire : Fin du fact-checking chez Méta : cap vers la désinformation et la misogynie)
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1 Commentaire
Les femmes sont lasses d’avoir à « éduquer » les hommes à ne plus être violents. Comme si ils n’étaient pas capables d’y penser tous seuls! IL faut les éduquer à tout: le respect l consentement, le partage des tâches…..Stop! que d’énergie perdue! Leur mère a du les éduquer, mais ils n’écoutaient pas, car il est plus facile d’être un Attila miniatur qui piétine tout sur son passage….