Le classement Equileap montre que le volontarisme paie. L’égalité professionnelle progresse – à petits pas- quand les lois obligent les entreprises à bouger.
« L’égalité des sexes au travail semble avancer… mais lentement. La société la plus performante au monde obtient un score de 74%, contre 71% l’an dernier» c’est le premier constat du nouveau classement international Equileap sur l’égalité des sexes dans les très grandes entreprises. Cette organisation néerlando-britannique a passé au peigne fin les données de 3 519 entreprises (cotées dont la capitalisation est supérieure à 2 milliards de dollars) dans 23 pays développés selon 19 critères : parité dans le management ; égalité salariale ; équilibre travail/vie de famille ; politiques d’égalité des sexes ; prévention du harcèlement sexuel ; engagement et transparence… Parce que « on ne peut pas changer ce que l’on ne compte pas » affirme Diana Van Maasdijk, qui dirige Equileap. Alors depuis 2017, chaque année elle compte, évalue, classe, mesure les progrès, les explique pour inspirer d’autres entreprises.
En 2019, les femmes occupent toujours les postes les moins élevés. Moins de 10 % des Conseils d’administration et moins de 6 % des exécutifs comptent autant d’hommes que de femmes. Globalement, 36% de l’effectif des entreprises étudiées est féminin, 21% des managers sont des femmes et il n’y en a plus que 15% au niveau de la direction.
Sur les 3519 entreprises étudiées, 29, soit moins de 1 % n’affichent pas d’écart de salaire entre femmes et hommes… Ce qu’Equilab appelle « pas d’écart de salaire » correspondant à un écart inférieur à 3 %. Et, précise l’organisation, l’écart de salaire est la donnée la moins divulguée dans presque tous les pays. 88 % des entreprises ne l’ont pas publié.
Côté harcèlement sexuel, 58 % des entreprises n’ont rigoureusement mis en place aucune politique.
Mais le volontarisme paie ! Parmi les meilleures entreprises du classement, il est d’abord à noter que vingt-cinq des 100 premières sont australiennes. « Ceci est probablement motivé par la législation en vigueur depuis 2012 obligeant les entreprises à publier chaque année des rapports publics complets sur leurs performances en matière d’égalité de genre » analyse Equileap. « L’Australie est un exemple de la manière dont la transparence forcée peut motiver l’amélioration des performances au fil du temps. » Autre distinction : la France se situe parmi les pays les mieux classés sur le critère d’équilibre dans les conseils d’administration avec 43 % de femmes dans ces instances, devant la Suède (40 %) mais derrière l’Australie (44 %). C’est dû à la loi sur les quotas de 2012 qui a obligé les entreprises à ouvrir leurs instances de surveillance aux femmes.
Mais, mauvais point pour la France, la majorité des entreprises -79 % !- ne publient pas leurs chiffres d’inégalités salariales… Equileap espère que la récolte sera meilleure l’an prochain grâce à la loi obligeant les entreprises à publier leur index de l’égalité.
Côté classement, le trio de tête se compose d’une entreprise de Grande-Bretagne : Diageo (boissons) suivie de l’australienne Mirvac (finance) puis la banque des Etats-Unis Bank of America. Pour les entreprises françaises, l’Oréal, la première, pointe à la 4ème place. Elle était première en 2017 et a toujours été dans le Top 5. Kering arrive à la 12ème place, TF1 à la 24ème . Sodexo qui était 4ème en 2017 arrive 43ème cette fois et c’est Orange, pourtant bien placé dans d’autres classements qui ferme le peloton français à la 54ème place.
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