Octroyer davantage de congés aux hommes lorsque l’enfant paraît, bonne idée pour l’égalité des sexes ! Mais c’est loin d’être gagné tant que le travail des femmes n’est pas valorisé.
À la demande du gouvernement, l’IGAS planche sur l’allongement du congé de paternité. Nous avons enquêté sur ces entreprises qui ont anticipé le mouvement. Quelques généreuses pionnières se sont lancées avec des motivations intéressantes. Ces nouveaux congés permettraient non seulement de mettre les femmes et les hommes à égalité face aux employeurs mais cela inciterait aussi les pères à prendre davantage en charge la vie familiale et domestique.
Le hic est que ce dispositif a un coût non négligeable pour les entreprises et pour les finances publiques. En 2014, c’est l’idée d’inciter les pères à prendre davantage de temps de congé parental qui s’était invitée dans la loi égalité réelle mais, pour des raisons de gros sous, elle avait abouti sur une cote mal taillée.
La perspective de mettre en place un congé long et indemnisé à la hauteur du salaire du parent qui pouponne est peu probable. Une question s’était posée en 2014 : faut-il indemniser un parent à hauteur de son salaire ? La réponse du gouvernement était « non » pour plusieurs raisons, dont celle-ci : l’État ne va pas financer certains congés parentaux à hauteur du salaire d’un cadre supérieur et d’autres au SMIC. Les deux pouponnent…
Et l’on en revient à la valeur du travail des femmes. Pourquoi les femmes acceptent-t-elles d’interrompre leur activité professionnelle en perdant beaucoup en salaire, et pas les hommes ? Pourquoi ce congé parental est-il si peu indemnisé ? Question de chiffres : elles gagnent en moyenne moins que les hommes, donc le sacrifice financier pour le couple parental est moindre. Question de culture : elles travaillent dans les secteurs les moins rémunérateurs et assument le travail familial et domestique gratuit. Un travail que l’INSEE ne reconnaît toujours pas, par exemple.
Tant que le travail des femmes ne sera pas valorisé, ce sera très difficile d’inciter les hommes à mieux partager. Pour atteindre l’égalité, il ne suffit pas d’inciter les femmes à s’investir dans des secteurs masculins, il faut aussi faire l’inverse. Une vraie révolution globale, comme le dit par ailleurs ONU Femmes.