La campagne #LeaveMollymAlone lancée par Tilly Cripwell, porte ses fruits. Le conseil municipal de la capitale de l’Irlande a décidé d’engager des gardiens pour protéger la statue de Molly Malone. Une légende pétrie de sexisme.
A Dublin, au cœur de la capitale de l’Irlande, la statue de Molly Malone est sérieusement dégradée. Au niveau de la poitrine, le bronze est décoloré. Passants et touristes viennent régulièrement frotter de leurs mains cette partie de la statue. Une légende laisse entendre que ça porterait chance.
De nombreuses manifestations ont eu lieu depuis des années pour protéger l’un des plus célèbres monuments d’Irlande… Et la dernière campagne en date a porté ses fruits en obligeant les autorités locales à réagir.
#LeaveMollymAlone
Tilly Cripwell, étudiante de 23 ans et chanteuse, a lancé la campagne « Leave Molly mAlone » (Laissez Molly tranquille) en interprétant sa chanson devant la statue, à l’occasion de la Journée internationale des Droits des femme. Elle s’est aussi rendue au Conseil municipal pour interpeler les élus
Estimant que les seins de la statue sont touchés en moyenne par 60 personnes chaque heure, Tilly Cripwell réclamait que le monument soit réparé et placé sur un piédestal bien plus haut pour éviter que cela ne recommence. « Dans un moment aussi sombre et stagnant de l’histoire des droits des femmes, les changements apportés à Molly Malone marqueront un petit pas, mais crucial, dans la bonne direction, qui ne peut que conduire à d’autres mouvements dans ce sens », a-t-elle écrit dans un post Instagram. « Ce qui m’énerve le plus, c’est que c’est un très mauvais exemple des normes que nous fixons pour les comportements à l’égard des femmes dans la société ».
Personnage de légende sexiste
L’exemple est d’autant plus mauvais que le personnage de Molly Malone est lui aussi une légende sexiste. C’est un personnage fictif, issu d’une chanson populaire irlandaise. Molly Malone serait une poissonnière travaillant dans les rues de Dublin au XVIIème siècle… avant de périr des suites d’une forte fièvre. La légende va jusqu’à dire que le personnage fictif vendait son poisson dans les rues le jour, et se prostituait la nuit. Le combo de stéréotypes ! La chanson « Molly Malone », aussi nommée « Cockles and Mussels » (les coques et les moules) est un incontournable des Pubs Irlandais, c’est l’hymne de Dublin et de ses équipes de rugby.
Dublin réagit
Fin mars, Tilly Cripwell annonçait sur les réseaux sociaux : « J’ai reçu une déclaration officielle du conseil municipal de Dublin concernant ma campagne #LeaveMollymAlone. Le DCC a accepté de restaurer entièrement la statue afin qu’il n’y ait pas de décoloration cuivrée sur ses seins (…) La DCC mettra également en place, à titre expérimental, un système de gardiens afin d’éviter les dégradations répétées et les comportements peu recommandables (…) Les entreprises touristiques s’engagent également à décourager ces comportements. Elle annonce aussi que « les discussions se poursuivent sur l’élévation de la statue et l’installation d’une plaque expliquant son héritage ». A suivre.
Celà dit, le journal Newstalk rapporte que le responsable des arts du conseil municipal de Dublin, Ray Yeates, dit se lancer dans une protection de la statue pour des « problèmes de sécurité concernant les personnes qui montent et descendent du socle sur lequel se trouve la statue.» Comme s’il n’était pas prioritaire de résoudre des problèmes de sexise
Objectification du corps des femmes dans les rues
Bien sûr, Molly Malone n’est pas la seule statue dans le monde à graver dans le bronze l’objectification du corps des femmes. En France, la statue de Dalida, créée avec un regard d’homme, montre l’image de la chanteuse yeux fermés, bouche fermée, seins proéminents, comme offerte aux passants. Et les seins de la statue sont attaqués comme ceux de Molly Malone. La place et l’image des femmes dans l’espace public est encore et toujours à revoir
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