Le premier film d’Emmanuelle Nicot suit le trajet de reconstruction d’une adolescente qui se libère de l’emprise d’un père abusif. Découverte d’une actrice et d’une réalisatrice.
L’entrée est un coup de poing : une descente de police dans un appartement sombre, les hurlements d’une femme enlevée de force à un homme. Enfermée dans un centre pour adolescents, Dalva ne pense qu’à s’échapper pour rejoindre Jacques, qui l’aime d’un amour que personne ne peut comprendre. Mais Dalva, habillée et maquillée comme une petite femme, a douze ans et Jacques est son père. Le film d’Emmanuelle Nicot raconte le parcours psychologique d’une enfant qui comprend que l’amour qu’elle ressentait a pour nom emprise incestueuse.
Autour d’elle, l’accompagnant dans sa reconstruction, une amie de son âge rencontrée au centre, des éducateurs bienveillants, une mère qui tente de l’apprivoiser.
Emmanuelle Nicot, a choisi un mode de narration « à rebours » vers la lumière, un traitement filmique sobre et quasi documentaire, pour nous montrer l’indicible. La réussite est portée par les comédiens, tous excellents : la réalisatrice est aussi directrice de casting, spécialisée en casting sauvage. Face à Zelda Samson, jeune comédienne dont c’est le premier -et certainement pas le dernier – rôle : Alexis Manenti, éducateur sachant poser les limites, Fanta Guirassy amie de chambre, elle aussi non professionnelle, mais encore Jean-Louis Coulloc’h, dans un rôle de père que beaucoup auraient refusé.
On pense aux Pires premier film de Lise Akoka et Romane Gueret (sorti en décembre dernier, lire ici), au cinéma des frères Dardenne. Comme eux, la cinéaste est belge. Elle a découvert le grand écran grâce au festival Les enfants du Cinéma, à Charleville Mézières, avant de partir étudier à l’IAD à Louvain. Elle porte ce projet depuis des années : son père a été éducateur, son frère l’est encore, son dernier court métrage A l’arraché brossait le portrait de deux adolescentes placées en foyer d’accueil d’urgence. Elle n’a que 27 ans, et comme sa jeune actrice principale, c’est une découverte.
« Dalva » d’Emmanuelle Nicot (France, Belgique, 1h24), avec Zelda Samson, Alexis Manenti et Fanta Guirassy, directrice de la photo Caroline Guimbal, produit par Helicotron et Tripode, distribué par Diaphana. Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation pour la comédienne Zelda Samson, Prix Fipresci (presse internationale) et Rail d’Or (prix des cheminots) à Cannes 2022, Trois prix au festival de Valenciennes. Sortie le 22 mars 2023
2 commentaires
Bonjour j’ai été fuguant à Charleville-Mézières et j’aimerais venir en avant première avec ma femme comment avoir des places merci d’avance
J’aimerais venir à l’avant-première à Charleville-Mézières