20 Minutes n’explique pas l’augmentation des viols par l’agressivité des violeurs mais par les tenues estivales des victimes… Ce qui reste une idée reçue.
Encore un ! « Pourquoi les agressions sexuelles sont plus nombreuses en été » : ce titre de 20minutes.fr fait craindre le pire. Et le pire arrive. Suite au viol de deux jeunes femmes à Argelès-sur-Mer, le journaliste se flatte d’avoir passé au crible les statistiques 2013 de l’Office national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Pas pour expliquer pourquoi les violeurs seraient plus agressifs l’été ou pourquoi il y en aurait davantage. Mais pour laisser entendre que les coupables de cette augmentation des viols sont les victimes elles mêmes : « c’est surtout que les victimes potentielles adoptent plus facilement des comportements dits ‘à risque’», assure 20 Minutes.
Dits « à risque » par qui ? (En général ce que l’on appelle comportement sexuel « à risque » concerne les maladies sexuellement transmissibles). Ici, c’est un expert dégaîné pour l’occasion qui le dit : un « écrivain et libraire spécialisé dans l’analyse des criminels ».
Les chiffres contredisent l’idée reçue
Pourtant, les données détaillées de l’ONDRP ne mettent pas en évidence un lien systématique entre insouciance estivale et violences sexuelles. En Languedoc-Roussillon – la région d’Argelès-sur-Mer – par exemple, 42 viols en été recensés en juillet 2013, 40 en août… contre 43 en novembre de la même année.
Mais le journal gratuit, qui passe en de nombreuses mains, n’en a cure. Pour lui, l’affaire est entendue, les femmes violées ont des comportements à risque. Elles s’habillent en tenue légère lorsqu’il fait chaud, elles sortent en boîte et vont même se promener sur la plage. Et de lister longuement ces « risques ». Rien sur l’agressivité décuplée des violeurs potentiels qui, à la lecture de cet article et de bien d’autres du même tonneau, seront confortés dans leur posture de victimes d’aguicheuses.
Et les filles, que doivent-elles comprendre ? Qu’elles seront au contraire considérées comme coupables si elles sortent non accompagnées et en tenue d’été ? Doivent-elles oublier que dans l’immense majorité des cas, la victime d’un viol connaissait son agresseur ?
Ce n’est qu’à la fin de l’article que le journaliste essaie de présenter les choses autrement. Il rapporte qu’en Inde, sur les plages, « le ministre des Travaux de la Ville, a carrément proposé d’interdire le bikini, coupable, à ses yeux, « d’attirer les prédateurs sexuels ». Et le spécialiste de l’analyse des criminels de trouver cela, tout de même, « un peu scandaleux. Il serait tout de même préférable de renforcer la surveillance des agresseurs potentiels… ». Un peu…
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