La 50e cérémonie des César se tiendra le 28 février prochain à l’Olympia. Alors que la cérémonie de 2024 avait redonné de l’espoir aux femmes de la profession, les nominations 2025 confirment le choix d’un entre-soi masculin dans le cinéma français, oubliant complètement les réalisatrices.
Il y a un an, la forte présence de réalisatrices aux César 2024 avait de quoi redonner le sourire, après une année 2023 marquée par leur absence. Mais ça, c’était il y a un an… (Lire : Les réalisatrices sont de retour aux César 2024)
Nouveau changement d’ambiance ! L’Académie des César vient de publier ce mercredi 29 janvier la liste des nommés aux César 2025, et le constat est terrible : absence flagrante des réalisatrices. Le Lab Femmes de Cinéma avait pourtant oeuvré dans le sens inverse avec sa campagne pour les César 2025 (Lire : Cinéma : les initiatives se poursuivent pour donner de la visibilité aux réalisatrices). Malheureusement, celle-ci n’a pas eu autant de succès que la précédente où pour l’édition des César 2024, sur les trois films avec le plus de nominations, deux avaient été réalisés par des femmes : Anatomie d’une chute de Justine Triet (11) et Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry (9).
Cette année sur le podium des nominations, 3 films et 4 hommes : Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière pour Le Comte de Monte Cristo (14 nominations), Gilles Lellouche pour L’amour Ouf (13 nominations) et Jacques Audiard pour Emilia Pérez (12 nominations).
Des réalisatrices oubliées
Parmi les catégories les plus attendues : César au meilleur film et à la meilleure réalisation, on compte… ZÉRO réalisatrice parmi les nommées. Une bien triste constatation alors que l’an dernier nous nous réjouissions d’une représentation équilibrée entre les hommes et les femmes : 2 réalisatrices et 3 réalisateurs pour le meilleur film et 3 réalisatrices et 2 réalisateurs pour la meilleure réalisation.
Les films de réalisatrices n’ont pourtant pas déserté les cinémas en 2024, comme en atteste le prix Alice Guy qui récompense chaque année une réalisatrice parmi une liste comprenant tous les films à financement majoritairement français réalisés ou co-réalisés par une femme et sortis dans les salles de cinéma entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024. Mais les votant·es de l’Académie des César ont fait la sourde oreille lors de l’appel à ne pas oublier les réalisatrices au moment de leur vote.
Comme le signale Le Collectif 50/50, le constat est le même pour celui de la meilleure adaptation, des meilleurs effets visuels et du meilleur long métrage d’animation : AUCUNE réalisatrice n’est nommée… Coralie Fargeat est quant à elle la seule réalisatrice nommée dans la catégorie du « Meilleur film international » pour son film The Substance.
Deux films de réalisatrices sont nommés dans la catégorie Meilleur premier film : Agathe Riedinger pour Diamant Brut et Louise Courvoisier pour Vingt Dieux (lire : « Vingt Dieux », western au pays du Comté). A noter qu’avec 4 nominations, Vingt Dieux est le film réalisé par une femme avec le plus de nominations (Diamant Brut arrive en deuxième position avec 2 nominations).
Une parité qui s’éloigne de plus en plus
Dans les autres catégories professionnelles, le constat n’est guère plus réjouissant concernant la présence des femmes : « Meilleur son » (2/5), « Meilleur montage » (2/5), « Meilleurs décors » (1/5) ou encore « Meilleure photographie » (1/5). La catégorie des « Meilleurs costumes » relève un peu la donne avec 3 femmes sur 5. Quant à celle de la « Meilleure musique originale », on retrouve 4 hommes et 3 femmes (Linda Courvoisier et Charlie Courvoisier pour Vingt Dieux et Camille, nommée avec son mari Clément Ducol pour la musique du film Emilia Pérez).
Comme les années précédentes, les courts métrages permettent heureusement de faire remonter un peu la présence féminine parmi les nommé·es. On compte ainsi 3 femmes sur 4 nommées au César du meilleur film de court métrage de fiction, 3 sur 3 pour le César du meilleur film de court métrage documentaire et 2 sur 3 pour le César du meilleur court métrage d’animation.
« En comptant les co-réalisations et collaborations, mais en excluant les catégories genrées », le collectif 50/50 compte seulement 31 femmes pouvant prétendre à une récompense (contre 81 hommes), n’atteignant ainsi même pas les 30%…
A noter aussi l’absence de nomination pour Agnès Jaoui dans la catégorie « Meilleure actrice » pour Ma vie ma gueule de la regrettée Sophie Fillières. Celle qui avait pourtant remporté le César d’honneur lors de la précédente édition des César (Lire : « Je parle mais je ne vous entends pas » : Judith Godrèche sur la scène des César) n’aura donc pas la chance de briguer un 8e César lors de cette 50e édition. Déception également de ne pas voir Ma vie, ma gueule nommé dans la catégorie de « Meilleur film ».
L’Académie s’engage contre les violences sexistes et sexuelles
Après avoir annoncé que toute personne mise en cause par la justice dans des cas d’affaires de violences sexistes et sexuelles ne serait plus mise en lumière lors de la cérémonie des César, l’Académie a fait un pas supplémentaire.
L’organisation a en effet conforté cette décision en renforçant les règles de lutte contre ces violences. Dans l’article 6 « Non mise en lumière » de son règlement, actualisé le 17 octobre 2024, on peut désormais lire que « Tout·e participant·e à un film éligible faisant l’objet d’une mise en examen ou d’une condamnation judiciaire pour des faits de violences, notamment à caractère sexiste ou sexuel ne fera l’objet d’aucune mise en lumière pour la durée de la procédure ou de la condamnation pénale, par respect pour les victimes, que ce soit lors de la Cérémonie mais également, à compter des César 2024, dans le cadre de tout autre dispositif organisé par l’Association pour la Promotion du Cinéma, soit pour 2025 : Brunch du Court Métrage, Soirée César & Techniques, Soirée des Révélations, Dîner des Nommés, Dîner César & Production, Remise du César des Lycéens, Un César à l’École, Les Nuits en Or. »
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