Le documentariste Sébastien Lifshitz a accompagné la militante féministe Thérèse Clerc dans les derniers mois de sa vie. Un hommage touchant et un film important montré à la Quinzaine des réalisateurs.
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Thérèse Clerc est née en 1927 et morte en 2016. Entre ces deux dates, elle a eu une vie bien remplie. Plusieurs vies, même, comme le suggère le titre du film que lui a consacré Sébastien Lifshitz, Les vies de Thérèse. Ce réalisateur l’avait déjà rencontrée pour un documentaire précédent, Les Invisibles, qui s’intéressait à quelques homosexuel.le.s d’âge mur et à leur trajet jusqu’à la sérénité (ou non).
Mais cette fois, ce qui a relié Thérèse Clerc et Sébastien Lifshitz est un sujet plus délicat que l’homosexualité, puisqu’il s’agit de la fin de vie d’une personne âgée. Se sachant condamnée par la maladie, Thérèse a en effet appelé Sébastien pour lui demander de l’accompagner jusqu’au bout avec sa caméra. « Et bravement, nous allons affronter l’affaire », lui dit-elle en souriant avant de le remercier. C’est la première séquence de ce film poignant, projeté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes trois mois exactement après son décès.
Thérèse Clerc a suivi un trajet singulier, de la bourgeoise catholique à la vie de mère au foyer, avant de divorcer en 1969 pour plonger dans les combats féministes et l’homosexualité avec un grand appétit de vivre et de fortes convictions politiques.
Sans perdre son humour, Thérèse parcourt ses souvenirs avec le cinéaste qui de son côté fait preuve d’une délicatesse respectueuse. Ses quatre enfants, eux aussi, témoignent de cette expérience ultime et douloureuse, autour de la table de la salle à manger de l’appartement où elle a choisi de mourir.
« Je veux que tu fasses ce film contre le déni de la vieillesse et de la mort », disait Thérèse à Sébastien. Voilà qui est fait et bien fait, avec un grand courage. Les vies de Thérèse rend hommage à une grande bonne femme et son thème parle à chacun.
Les vies de Thérèse, de Sébastien Lifshitz, documentaire (52 min). Quinzaine des réalisateurs de Cannes (Agat Films)
(Pénélope Bagieu raconte aussi, lundi 16 mai, le parcours de cette « utopiste réaliste ».)