Cette année, le festival de Cannes sera plus féminin que d’habitude avec plus d’un tiers des films projetés réalisés par des femmes.
Après l’annonce de l’ouverture du Festival de Cannes par le nouveau film de la comédienne-réalisatrice Maïwenn (nous en parlions ici), voici de bonnes nouvelles. Les programmes de toutes les sélections du festival sont tombés et on peut donc compter : 32% de films réalisés par des femmes en compétition officielle, 37% à Un Certain Regard, plus de la moitié à la Semaine de la Critique, toujours au premier rang question parité. Enfin les sélections de l’Acid et de la Quinzaine des cinéastes (qui a changé de nom, c’était la Quinzaine des réalisateurs, moins inclusif) comptent un tiers de réalisatrices. D’autres noms vont être annoncés en sélection officielle, mais d’ores et déjà, on peut conclure à un bon cru pour la médiatisation des réalisatrices du monde entier. Selon le collectif 50/50, la moyenne des chiffres cannois tournait plutôt autour des 13% depuis 10 ans.
Parmi les six femmes en compétition officielle, la très talentueuse italienne Alice Rohrwacher viendra présenter La Chimère (elle a reçu le Grand Prix pour Les Merveilles voici neuf ans) et l’autrichienne Jessica Hausner accompagnera son film Club Zéro.
Côté françaises en compétition (faut-il le rappeler, Julia Ducournau a remporté la Palme d’or en 2021 avec Titane), saluons le retour de « l’ancienne » Catherine Breillat avec L’été dernier ainsi que de Justine Triet, qui, après Sybile en 2019, revient avec Anatomie d’une chute. Etre sélectionnée à Cannes Première, où il n’y avait pas de réalisatrices l’année dernière, est un moyen d’être présente au festival sans le stress de la compétition. Katell Quillévéré en bénéficie cette année avec Le Temps d’aimer.
Les voix des femmes d’Afrique se font entendre dans toutes les sélections comme Kaouther Ben Hania (Tunisie) avec Les filles d’Olfa en compétition ou Asmae El Moudir (Maroc) avec Kadib Abyad à Un Certain regard. Notons aussi la présence d’une jeune cinéaste d’origine sénégalaise, Ramata-Toulaye Sy, qui vivra son baptême du feu en compétition avec son premier film Banel et Hadama.
Les six films signés ou co-signés par des femmes à la Semaine de la critique sont des premiers ou deuxièmes longs métrages du monde entier : les jeunes françaises Iris Kaltenbäck et Marie Amachoukeli cotoieront les belges Ann Sirot et Paloma Sermon-Daî, la réalisatrice malaisienne Amanda Nell Eu et la brésilienne Lillah Halla.
Quant aux sept longs métrages réalisés par des femmes à la Quinzaine des cinéastes ainsi que les trois sélectionnés à l’Acid (qui privilégie les films sans distributeur), ils promettent aussi de belles découvertes. Par exemple à la Quinzaine, Elena Martín Gimeno, actrice et réalisatrice de la nouvelle vague espagnole présentera son deuxième film Creatura. Rosine Mbakam viendra avec son premier film de fiction Mambar Pierrette : originaire de Yaoudé, cette réalisatrice produit et réalise en Belgique ses propres documentaires. Citons enfin, Chiara Malta, à la sélection « off » de l’Acid, comme coréalisatrice avec Sébastien Laudenbach d’un des seuls films d’animation des sélections cannoises de 2023, au titre accrocheur : Linda veut du poulet !
Espérons que la progression des femmes continuera à Cannes et dans d’autres festivals pour qu’on ne puisse pas dire un jour comme Agnes Jaoui quelques années après avoir applaudit le chiffre de 20 % de femmes cinéastes : « Quelle puissante acceptation de mon infériorité m’avait fait me réjouir d’un chiffre aussi minable ?». (lire : AGNES JAOUI : « JE CROIS À L’INFLUENCE IMMENSE DES IMAGES »)