Une pétition dénonce « la banalisation et l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité » et demande de déprogrammer l’expo « dans les yeux de Bastien Vives » au festival de BD d’Angoulême. Mais l’auteur est soutenu par de nombreux confrères et par les organisateurs du festival qui confondent liberté d’opinion et pornographie. Ajout le 14/12 : l’exposition est déprogrammée… pour de mauvaises raisons. Ajout le 15 / 12, l’auteur présente des excuses.
L’autrice de BD Emma est sortie de ses gonds ! En 2017, lorsqu’elle a publié sa bande dessinée sur la charge mentale, un certain Bastien Vives, auteur de BD lui aussi l’attaquait violemment sur facebook la traitant notamment « d’abrutie mongolienne » et n’appréciant pas, comme de nombreux hommes, la mise en lumière par cette BD, d’une énorme inégalité entre femmes et hommes à la maison. (Lire : « CHARGE MENTALE » : LA BD VIRALE »)
Le dessinateur vedette a même écrit une BD qu’il a tenu à intituler « la décharge mentale. » reprenant ses thèmes favoris avec un homme dans une famille incestueuse où le père, la mère et leurs trois filles de 10, 15 et 18 ans ont des rapports sexuels.
Alors Emma appelle à signer les pétitions demandant de déprogrammer la « carte Blanche » offerte à Bastien Vives par les organisateurs du festival d’Angoulème, plus grand festival de bande dessinée.
Une pétition du collectif Prévenir et protéger et du mouvement Be Brave France mise en ligne le 12 décembre 2022, a récolté plus de 80 000 signatures et une deuxième pétition présentée par des professeurs et des étudiants de l’école d’art d’Angoulême en a réuni près de 2 000.
Mais le petit monde de la BD cultive un entre-soi masculin, voire machiste depuis toujours (voir plus bas). Les pétitions ne font ni chaud ni froid aux organisateurs qui ont fait savoir qu’ils maintiendraient l’exposition. L’artiste et son éditeur se défendent de toute promotion de la pédopornographie et dénoncent une forme de censure. Tandis que les amis du dessinateur se répandent sur les réseaux sociaux avec des arguments dignes de ceux des amis des hommes politiques impliqués dans des agressions sexuelles. Sur Facebook, Alexis Bacci dit par exemple que Bastien est son ami et qu’il n’a « pas d’ami pédophile » après avoir crié à la cabale, au maccartisme, au lynchage et dit que son ami était père de famille… Interviewé dans dans Libération, Bastien Vives lui-même a tout le loisir de crier à la manipulation et ose même comparer sa situation avec celle de Charlie Hebdo !
Pourtant, ce n’est pas la première fois que ses œuvres sont dénoncées. De plus, elles enfreignent la loi.
Dans l’album Petit Paul, premier volume d’une collection pornographique, Porn’Pop, créée par les éditions Glénat, un petit garçon au sexe énorme suscite le désir de sa sœur, de son institutrice ou de sa prof de judo dans des saynètes « à l’humour débridé » selon l’éditeur.
Les déclarations publiques passées de l’auteur n’arrangent rien. « L’inceste, moi, ça m’excite à mort » déclarait-il en mai 2017 dans une vidéo du site Mademoizelle. « Vu que je peux pas faire d’inceste dans la vraie vie, et que je n’ai pas de grande sœur pour pouvoir faire ça, je fais ça dans mes livres », ajoutait-il à l’occasion de la sortie de son album Une sœur. Dans une pétition demandant le retrait de cette BD, le caractère « pédopornographique », était évoqué ainsi que l’article 227-23 du Code pénal, interdisant les représentations à caractère pornographique de mineurs en France.
Dans Ouest-France, Arnaud Gallais, cofondateur de Be Brave France, s’insurge : « Ça n’a rien à voir avec Charlie Hebdo. Vous avez en France 165 000 enfants victimes de violences, et un festival financé par la Région, par le Conseil départemental, la Ville, soit des territoires où se trouvent des victimes. Quel est le message ? D’un côté, on fait un effort considérable pour que la parole se libère, et de l’autre côté, on fait ça ? » Mais Fausto Fasulo, le codirecteur artistique du festival d’Angoulème ne veut rien entendre et rien déprogrammer. Pour lui, « ce serait une défaite philosophique énorme » affirme-t-il… Encore une tentative de détournement de la notion de liberté d’opinion au profit de la pornographie.
Ajout le 14/12 : dans un communiqué de presse très poussif, la direction du Festival international de la bande dessinée annonce déprogrammer l’exposition de Bastien Vivès. Mais il invoque raisons de « sécurité » et des « menaces contre l’auteur ».
Ajout le 15/12 : Bastien Vives présente des excuses sur Instagram

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