C’est une première : l’épreuve écrite de français du bac littéraire proposait cette année trois textes écrits par des femmes. Davantage de visibilité pour les auteures mais aussi davantage de stéréotypes ?
Le 16 mars 2017, le Bulletin officiel de l’Éducation nationale annonçait pour la première fois qu’une œuvre signée par une femme serait au programme obligatoire des classes de Terminale littéraire. Il s’agissait de La Princesse de Montpensier, écrit par Madame de Lafayette. Jusqu’à cette date, seules des œuvres écrites par des hommes figuraient dans les programmes.
Voir : Avec Madame de Lafayette, le bac littéraire sort enfin de l’entre-soi masculin
Cette entrée au programme ne s’était pas faite par magie, il avait fallu une succession de pétitions, lettres ouvertes et autres revendications jusqu’à un billet courroucé d’une professeure de français, Françoise Cahen, en mai 2016 «Les couilles du bac littéraire», suivi d’une nouvelle une pétition. L’écoute attentive de la ministre de l’Éducation de l’époque avait fait le reste
Voir : Najat Vallaud-Belkacem veut des écrivaines
Le message a été reçu 5/5, et même au-delà : cette année, non seulement l’œuvre de Madame de Lafayette était au programme mais l’épreuve de français du bac littéraire ne proposait aux candidats que des œuvres écrites par des femmes : La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, Delphine de Madame de Staël et La Vagabonde de Colette.
Une façon de tordre le bâton dans l’autre sens qui ne plait pas à tout le monde. Interviewée par Le Monde, Christine Planté, professeure émérite de littérature française et d’études sur le genre à l’université de Lyon-II, a l’impression qu’on a « voulu mettre les bouchées doubles. » et regrette qu’on ne fasse de la place aux femmes « que lorsqu’il s’agit de sentiments et de relations amoureuses » Une sélection qui cantonne les femmes à un petit domaine tandis que la pensée des hommes, elle, serait universelle. Une sélection assez stéréotypée finalement.
Pourtant, les femmes ont écrit sur les mêmes sujets que les hommes. Il faut simplement les sortir de l’oubli C’est pourquoi l’association, George – le deuxième texte a créé un moteur de recherche, permettant de trouver des auteures ayant écrit à la même époque ou sur des thèmes identiques à des auteurs masculins connus.
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