Le film-documentaire Au boulot ! bouscule les idées reçues de celles et ceux qui voient des « assisté·es » partout.
15 jours après sa sortie en salles, 100.000 personnes ont vu le dernier film-documentaire de Gilles Perret et François Ruffin Au boulot ! . Et 252 cinémas le projettent en France. Pour un film « social » c’est un succès.
« Au boulot ! » bouscule des certitudes ultra-libérales assénées dans des médias de plus en plus puissants. Son idée de départ : et si celles et ceux qui voient des « assisté·es » dans les couches les moins privilégiées de la société allaient les regarder droit dans les yeux ? Après Debout les femmes! , Gilles Perret et François Ruffin montrent la vraie vie des invisibles derrière les fantasmes de celles et ceux qui pérorent sur les plateaux télés.
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Mais, si Debout les femmes! prêchait des convaincus, Au boulot ! parvient à faire lever un sourcil aux réfractaires, en les embarquant dans l’aventure. La chroniqueuse et avocate, Sarah Saldmann, a accepté d’aller travailler comme celles et ceux qu’elle appelle les « glandus » : allocataires de RSA et d’allocs, ceux qui réclament une augmentation du Smic et s’opposent à la retraite à 64 ans. François Ruffin qui l’a croisée sur le plateau des Grandes Gueules sur RMC lui a proposé l’idée après qu’elle a entonné un de ses refrains habituels : « C’est quoi ce pays d’assistés ? De feignasses ? »… « Le Smic, c’est déjà pas mal. »
La revanche des invisibles
Le résultat est à la fois drôle et tragique. Après quelques images à la cantine de luxe de Sarah Saldmann où le Croque-Monsieur (à la truffe !) coûte 54 euros, la voici trottinant sur de hauts talons derrière un livreur de colis. Puis elle enchaîne d’autres expériences : auxiliaire de vie, femme de ménage, agriculteur, serveur, ouvrier dans une usine de conditionnement de poissons, elle participera à une fête au secours populaire… Tout ça sous l’œil de François Ruffin qui attend de voir une lueur de compassion dans ses yeux. Elle craquera notamment face à une extraordinaire auxiliaire de vie… Puis reprendra le cours de son existence.
François Ruffin définit volontiers ce film comme un « objet politique ». Une façon de crier plus fort que les ultralibéraux. « Je considère qu’aujourd’hui la gauche a pour devoir d’héroïser l’auxiliaire de vie, le manutentionnaire. Pas seulement en disant “Le smic à 1 600 euros” mais en donnant des noms, des prénoms, des lieux, des métiers. Je ne viens pas seulement dire “C’est ce qu’il aurait fallu faire”, mais je viens le faire » déclarait-il dans l’émission C à Vous sur France 5 le 4 novembre.