La mobilisation internationale a payé. Ahou Daryaei, l’étudiante iranienne qui avait dénoncé la répression contre les femmes en ôtant ses vêtements, est rentrée chez elle. Un possible « cadeau empoisonné ».
« Ahou Daryaei a été relâchée et a pu rentrer chez elle. Quand les médias et les peuples se mobilisent la république islamique ne peut que reculer. On continue de parler de tous les autres notamment les #ekbatanboys qui ont été condamnés à mort pour avoir manifesté. » : Ce mercredi 20 novembre, l’association Femme Azadi a posté ce message sur les réseaux sociaux.
L’appel à parler, dans le monde entier, de l’acte de résistance d’Ahou Darayaei a porté ses fruits.
Lire : Iran : Ahou Daryaei, dites son nom !
Ahou Daryaei était devenu le symbole de la lutte pour les Droits des femmes en Iran début novembre. Alors que la « police des mœurs » l’empêchait d’entrer dans son université en raison d’un voile jugé mal porté, elle avait fini, après une altercation, par enlever ses vêtements et marcher devant son université. La police l’avait arrêtée brutalement et conduite dans un hôpital psychiatrique.
Diplomatie féministe
Un grand mouvement de protestation mondial s’est alors déclenché obligeant certains Etats à s’engager dans une « diplomatie féministe. » Le 13 novembre, selon l’AFP, « la diplomatie française avait adressé aux autorités iraniennes ‘des messages d’inquiétude, de préoccupation et de consternation’ après l’internement présumé de l’étudiante iranienne. »
L’étudiante a été libérée mais les autorités de la république islamique disent toujours qu’elle est folle. « Étant donné qu’elle a été transférée à l’hôpital et qu’il a été constaté qu’elle était malade, elle a été remise à sa famille, qui s’occupe actuellement d’elle, et aucune procédure judiciaire n’a été engagée à son encontre », a déclaré le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, lors d’une conférence de presse.
« Cadeau empoisonné ? »
Amnesty International avait souligné que « les autorités iraniennes assimilent le rejet du voile obligatoire à un “trouble mental” nécessitant un “traitement” ».
Selon Armin Arefi, grand reporter à l’hebdomadaire Le Point et ancien correspondant en Iran, cette nouvelle pourrait bien être un «cadeau empoisonné». « Si l’affirmation de l’absence de poursuites judiciaires contre Ahou Daryaei est vraie, le système judiciaire iranien doit expliquer par quelle décision et l’ordre de quelle institution, ou autorité, cette citoyenne a été emmenée à l’hôpital et maintenue sur place pendant deux semaines », écrit-il, reprenant, sur X le compte juridique spécialisé Dadban. « Le fait de présenter comme fous les manifestants et les prisonniers est l’un des scénarios habituels et typiques des institutions de sécurité dans le but de nier leur nature contestataire et de les transférer dans des hôpitaux psychiatriques afin de les soumettre à davantage de pressions et de tortures. »
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