Nicolas Bedos vient d’être condamné pour « agression sexuelle », il fait appel. Mais ses soutiens envahissent les médias pour faire de lui une victime.
L’acteur et réalisateur Nicolas Bedos a été condamné, mardi 22 octobre à un an de prison dont six mois avec sursis probatoire pour des agressions sexuelles sur deux femmes en 2023. Le tribunal correctionnel l’a, en outre, condamné à une obligation de soins addictologiques et psychologiques et demandé son inscription au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais). Pendant les six mois de prison ferme, il devrait porter un bracelet électronique à domicile. L’acteur a fait appel, il est toujours présumé innocent.
Mais, à peine la décision du tribunal correctionnel était-elle tombée, que l’avocate de l’artiste faisait la tournée des médias pour s’insurger, tout comme ses amis du showbiz, quelques journalistes et une armée d’internautes et commentateurs, toutes sirènes dehors, pour faire de Nicolas Bedos une victime et dénoncer les « wokistes » et autres « féministes en carton ».
Renversement
Ceux qui ont l’habitude d’agiter le chiffon rouge du « tribunal médiatique » dès qu’un homme célèbre est accusé d’agression sexuelle, se ruent aujourd’hui dans les médias pour dénoncer la décision du tribunal correctionnel, à la suite de l’avocate de Nicolas Bedos, Me Julia Minkowski.
« Une peine humiliante, disproportionnée » , « parce qu’il est connu » « on a voulu faire un exemple », le tribunal a « confondu le droit et la morale » assène-t-elle à longueur de plateau tel un bulldozer que les journalistes ont du mal à arrêter… même pour lui dire qu’elle se trompe quand elle affirme que Nicolas Bedos a été traité comme s’il avait commis un viol (un violeur risque jusqu’à 20 ans de prison).
Le reproche qui revient en boucle est : la peine est trop lourde. Caroline Fourest, qui a interprété à sa façon le mouvement #MeToo déplore que les célébrités soient « désormais plus sévèrement condamnées» . Elle admet : « S’il est logique qu’ils soient sanctionné ».. mais fait des comparaisons hasardeuses « Nicolas Bedos n’est pas un prédateur à la Weinstein, ni mis en cause pour son comportement professionnel. Il mérite donc à la fois de se soigner et de pouvoir retravailler. »
En suggérant que seuls les auteurs de viols ou les « prédateurs à la Weinstein », devraient être vraiement punis, les partisans de Nicolas Bedos dénient aux victimes d’agressions sexuelles, le droit de se plaindre. Et favorisent l’impunité des agresseurs.
En criant que la peine est trop lourde, ils minimisent la gravité des agressions sexuelles. Pourtant, comme l’a dit le procureur lors du procès « Ce n’est pas parce qu’il y a des choses plus graves que ce n’est pas condamnable. »
Peine trop lourde ?
La qualification juridique des faits reprochés à l’artiste est « agression sexuelle » et une condamnation pour « agression sexuelle » peut aller jusqu’à 5 ans de prison. Et l’alcool est une circonstance aggravante, pas une excuse.
Les juges prononcent des peines plus ou moins lourdes selon la défense de l’accusé. A-t-il conscience d’avoir commis une infraction ? y a-t-il risque de récidive ? Pendant le procès, la désinvolture de l’acteur, très théatral, qui a notamment parlé d’« une amabilité lourde » en cas d’ivresse a probablement joué en sa défaveur. Lors du procès, il disait ne se souvenir de rien à cause de l’alcool… tout en affirmant avec force qu’il n’avait pas eu de comportements déplacés avec les femmes qui l’accusent. Le procureur a pourtant évoqué « des comportements répétitifs inquiétants ».
Il n’est d’ailleurs pas certain qu’en appel la peine sera allégée. Le bruit médiatique fait par les avocats de Nicolas Bedos qui minimisent à outrance, pourrait même laisse penser que, pour avoir une valeur pédagogique, la peine devrait être alourdie.
Apprendre ce qu’est une agression sexuelle
Ce bruit des défenseurs de Nicolas Bedos a couvert la voix de l’avocat des plaignantes, Tewfik Bouzenoune, qui n’a pas voulu commenter la lourdeur de la peine mais a déclaré : « Je me satisfais d’une décision qui, dans son principe, fait avancer la question de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles » . Il estime qu’ « on a besoin d’un peu de pédagogie », à travers ces décisions, il faut « expliquer quels sont les gestes et actes qui sont considérés comme anodins, mais qui ne le sont pas en réalité, et qui sont des agressions sexuelles… Vous n’imaginez pas le nombre de personnes qui sont ahuries quand on leur dit que tel acte est une agression sexuelle », poursuit-il. A force de minimiser ou ignorer les agressions sexuelles dans les médias, ce n’est pas très étonnant
Pendant qu’un tribunal essaie de faire de la pédagogie, les gardiens du tribunal médiatique tentent une démonstration de force. Ils font pencher l’opinion en faveur des agresseurs qu’ils présentent comme des victimes et favorisent ainsi une omerta solide assurant l’impunité des agresseurs.
Le phénomène n’est pas nouveau et il est très difficile à contrer. Lire aussi :
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1 Commentaire
Décidément, on ne prête qu’aux riches. Il est peu susceptible que l’on voie l’avocat d’un Tartempion quelconque, surtout si celui-ci est par dessus le marché maghrébin ou Noir, se pavaner sur les plateaux de tous ces médias et faire de son client agresseur la victime d’un prétendu tribunal médiatique.