Le maigre budget consacré à l’égalité femmes-hommes a légèrement augmenté dans le PLF 2025. Mais il faut changer d’échelle. Une coalition pour une loi intégrale contre les violences sexistes et sexuelles se lance.
Alors que l’actualité politique bruisse de colères contre les coups de rabots dans les dépenses sociales du projet de loi de finances (PLF) 2025, la ligne consacrée à l’égalité femmes-hommes est épargnée. Elle augmente même : « En 2025, le budget du programme 137 atteindra les 85,1 M€, soit une augmentation de +7,7 M€ par rapport à la LFI 2024, destinée pour l’essentiel au financement de l’aide universelle d’urgence aux victimes de violences conjugales (AUVVC) » indique le PLF.
Il y a quelques mois, Bruno Lemaire, alors ministre des Finances, coupait fortement dans ce budget (lire Moins 9,1 % ! Coupes budgétaires drastiques pour les droits des femmes ). Mais cette fois-ci, le petit budget de la ligne 137 consacrée à l’égalité entre les femmes et les hommes a pu passer entre les gouttes du plan de réduction des dépenses de 40 milliards.
Pour autant, il ne fait pas bondir de joie les associations féministes qui ont toujours du mal à accomplir la mission de service public qui leur a été confiée par l’Etat. (lire : Le CFCV tente de garder la tête hors de l’eau)
Une loi intégrale pour une réponse systémique et coordonnée
Le 18 octobre, elles annonceront la création d’une « Coalition pour une loi intégrale contre les violences sexuelles » à l’origine de 130 propositions communes pour tout changer en matière de viol et de violences sexuelles. Une « loi intégrale », cela veut dire agir à toutes les étapes de la lutte contre les violences sexuelles. « Ces propositions concrètes visent à répondre aux défis de la prévention et de la détection des violences, du soutien et de la prise en charge des victimes, tout en renforçant la formation des professionnel.les concerné.es et en améliorant le parcours judiciaire » annonce la coalition.
Et bien sûr « garantir la sanction effective des auteurs de violences, la protection des groupes vulnérables et lutter contre toutes les formes d’exploitation sexuelle. » Le plan comportera aussi un important volet éducation et appelle à lutter contre « l’industrie pornocriminelle et pédocriminelle et contre la culture du viol en ligne » Une « Loi Intégrale » pour une réponse systémique et coordonnée au fléau des violences sexuelles.
En finir avec les classées sans suite
La coalition estime que « la lutte contre les violences sexuelles nécessite une politique publique ambitieuse pilotée au plus haut niveau, globale et impliquant de manière coordonnée l’ensemble des ministères concernés (égalité, justice, intérieur, solidarités, travail, éducation, santé,…) autour de plans pluriannuels.«
Quelques chiffres : le nombre de plaintes a connu une hausse de 164% entre 2018 et 2022 mais « les violences sexuelles restent massivement impunies. » En 2021, 94% des affaires de viol ont été classées sans suite.
L’Etat consacre 12,7 millions d’euros par an à lutter contre les violences sexuelles « soit 0,003% du budget de l’Etat », quand « 344 millions d’euros au minimum » seraient, selon les associations, « nécessaires pour une réelle prise en charge et l’accompagnement des victimes, améliorer les enquêtes et renforcer la chaîne judiciaire. »
Et, le budget nécessaire pour agir vraiment dans toutes les directions qui mènent aux violences sexistes et sexuelles est estimé à 2,6 milliards d’Euros, « de la prévention à la sanction en passant par l’éducation, la formation, le financement des associations spécialisées, le parcours judiciaire des victimes… ».
Cette coalition sera lancée lors d’une soirée à Paris, avec Politis le 18 octobre.
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