Le procès du mari violeur et des hommes qui ont violé sa femme alors qu’il l’avait droguée à son insu doit être un tournant dans la lutte contre le viol. Pour que les moyens soit enfin à la hauteur, il faut (encore !) manifester samedi 14 septembre.
Un rassemblement «en soutien à Gisèle Pelicot et toutes les victimes de viols» : c’est l’appel lancé par la militante féministe, Anna Toumazoff, et repris par des associations féministes comme la Fondation des femmes, Mémoire traumatique et victimologie, le Collectif féministe contre le viol, le Collectif National pour les Droits des Femmes, NousToutes, le planning familial et bien d’autres mouvements féministes. Ce samedi 14 septembre des manifestations auront lieu dans dans toute la France.
Des manifestations pour exprimer une colère face à l’acceptation tacite du viol. Le détonateur est bien sûr le procès qui se tient depuis le 2 septembre à Avignon. Un procès que la principale victime, Gisèle Pelicot, a voulu public pour que « la honte change de camp ». Son mari, Dominique Pelicot, 71 ans, comparaît pour l’avoir violée, droguée et recruté des inconnus pour la violer à leur tour alors qu’elle était inerte. Et cette cinquantaine d’hommes doivent être jugés pour « viols aggravés ».
91 % des viols surviennent dans l’entourage
Bien sûr, ce procès a suscité des horreurs sorties de la bouche des avocats des prévenus et dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Les violeurs ont été présentés tour à tour comme des monstres puis certains médias découvraient que c’était une addition de « monsieur tout le monde ». « 91 % des viols surviennent dans l’entourage. Les victimes sont vos amies, vos femmes, vos sœurs, vos mères, vos grands-mères. Les auteurs sont vos amis, vos maris, vos frères, vos pères, vos grands-pères », rappelle encore Anna Toumazoff. « Ça vous touche, dégoûte, scandalise, révolte ? Ne soyez pas comme ceux qui n’ont rien dit. Choisissez votre camp. Rejoignez-nous »,
Et pour que ce procès serve vraiment de tournant dans la lutte contre le viol, une tribune publiée dans Libération explique pour la énième fois ce qu’il faudrait faire. Signée par des femmes et quelques hommes engagées aux côtés des victimes, le texte interpelle aussi les hommes : « Nous appelons les hommes à se soulever avec nous, à ne plus rester au mieux passifs, au pire complices. ’Pas tous les hommes’, entend-on en boucle après chaque féminicide et viol mais à quand des actions concrètes pour faire changer les choses au-delà de ces mots qui balaient d’un revers d’une main le constat ? »
« Nous voulons être en sécurité avant d’être mortes. »
Les signataires du texte listent les défaillances au plus haut niveau de l’Etat : « que des ministres ou députés puissent être mis en examen pour viol et rester en fonction, qu’un prédateur notoire soit qualifié de «fierté nationale» par le Président, que les programmes d’éducation sexuelle n’aient pas les ressources budgets pour être appliqués, que les centres d’accueil pour femmes victimes de violences soient menacés de fermeture, tout ceci participe à banaliser voire légitimer les comportements misogynes qui gangrènent notre société. »
Et bien sûr, elles rappellent le plan élaboré par les associations féministes pour en finir avec ces horreurs : « Nous demandons à ce que soient votés dans le budget de l’État 2024, 2,6 milliards pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles »
Et le texte se termine sur ces mots : « Nous voulons être en sécurité avant d’être mortes. Nous voulons vivre, libres. »
La liste des lieux de rassemblement est ici.
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