Les Jeux Olympiques et Paralympiques n’ont pas servi de déclic à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Pourtant une athlète et une bénévole ont été victime de féminicide. Et de nombreuses femmes parathlètes sont porteuses de handicap suite à des violences misogynes.
Des Jeux Olympiques paritaires.. check ! Une forte augmentation du nombre d’athlètes femmes aux Paralympiques… check! Les cadreurs sommés de filmer de la même manière les sportifs et les sportives… check ! Les Jeux de Paris 2024 ont coché beaucoup de cases pour l’égalité femmes hommes. Sauf une qui assure la persistance des inégalités partout dans le monde : la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), et les féminicides auxquels les sportives n’échappent pas. Ces violences n’ont pas été passées sous silence, elles ont révélé la persistance de l’inaction pour les stopper. Si les Jeux ont été un déclic pour une société plus « inclusive » avec les personnes handicapées, ils n’ont pas changé grand chose pour les VSS.
Une marathonienne immolée par le feu par son compagnon
La semaine dernière, la marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei, arrivée 44e lors des JO de Paris, est décédée après avoir été immolée par le feu par Dickson Ndiema Marangach, son compagnon. Elle avait 33 ans.
Le drame s’est déroulé dimanche 1er septembre. Selon un rapport de police, l’homme s’est introduit dans la propriété de Rebecca Cheptegei à Endebess au Kenya alors qu’elle était absente. Le quotidien kényan The Standard rapporte qu’à son retour Dickson Ndiema Marangach a arrosé Rebecca Cheptegei d’essence avant de mettre le feu et de la brûler, devant ses deux enfants âgés de 9 et 11 ans.
Pour lui rendre hommage, une minute d’applaudissements lui a été consacrée à l’issue du marathon paralympique le dimanche 8 septembre. Une minute d’applaudissements mais pas de grand plan international de lutte contre les VSS.
Ce féminicide est loin d’être un cas isolé dans la sphère du sport de haut niveau. En 2021 au Kenya, encore, Agnes Tirop, double médaillée de bronze mondiale du 10.000 m (en 2017 et en 2019) et 4e des JO de Tokyo sur le 5.000 m, a été retrouvée poignardée à mort à son domicile dans la ville d’Iten. Son mari Emmanuel Ibrahim Rotich est poursuivi pour meurtre et son procès est en cours. Toujours à Iten au Kenya, l’athlète bahreïnie d’origine kényane Damaris Mutua est tuée. Le principal suspect est son compagnon.
Plusieurs paraathlètes victimes de tentative de féminicides
Plusieurs femmes, en compétition aux Jeux parathlètes de Paris 2024, ont été victimes d’une tentative de féminicide, leur causant un handicap. Comme la championne de para-golf Karine Boucher, également porteuse de la flamme Olympique. En 2010, son ex-mari, dont elle était séparée depuis quelques semaines après une vingtaine d’années d’emprise, lui tire dessus à la sortie de l’école devant leurs enfants. Karine Boucher est ensuite amputée du bras droit. « Pendant ma période de rééducation et de parcours de victime, j’ai regretté de ne pas avoir ce miroir de quelqu’un qui aurait vécu quelque chose de rapprochant, pour pouvoir être guidée, déplore Karine Boucher auprès de France 3 Hauts-de-France en 2023. Quand j’ai commencé mes premières conférences et vu la détresse de jeunes victimes de violences conjugales, je me suis sentie investie d’une mission. »
Elle n’est pas la seule athlète à mener ce combat. La française Caroline Bergeron, joueuse de para-badminton, a été amputée de sa jambe droite en 2017 après que son ex-compagnon lui a foncé dessus en voiture. En 2019, c’est l’archère américaine Tracy Otto qui perd l’usage de son œil gauche et se retrouve paralysée de la poitrine aux pieds après avoir été poignardée et s’être fait tirer dessus par son ex petit-ami.
« La parenthèse enchantée des JO » a été assombrie par un second féminicide, celui d’une salariée en alternance du consortium Stade de France. La jeune femme de 21 ans avait disparue après la cérémonie de clôture des JO le 11 août. Deux jours plus tard, elle est retrouvée morte au domicile du principal suspect : son compagnon.
Couper la misogynie à la racine
Pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, le Comité Paralympique et Sportif Français a mis en place « une cellule d’écoute et d’accompagnement lors des jeux paralympiques, un plan de prévention et de sensibilisation pour les éducateurs et les athlètes du mouvement paralympique, ainsi que le développement du Règlosport, un outil de verbalisation et de libération de la parole, qui permet aux sportifs de mieux caractériser la situation dans laquelle ils se trouvent », indique le site du CPSF. Mais les seuls organisateurs de ces Jeux ne peuvent pas tout. Sans une forte mobilisation de la communauté internationale, les VSS persistent dans le monde.
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