Le droit à l’avortement gagne du terrain au Mexique. L’États de Puebla, au centre du pays, est devenu le 14ème, sur 32, à légaliser l’IVG jusqu’à douze semaines de grossesse. Une mesure favorable aux droits des femmes qui régressent partout ailleurs sur le continent.

Ça progresse ! Au Mexique, 14 États sur 32 ont dépénalisé l’avortement. Le lundi 15 juillet, l’État de Puebla, dans le centre du pays, a annoncé la réforme de son Code pénal local en faveur de l’accès à l’IVG jusqu’a douze semaines de grossesse.
Interdire l’IVG : une mesure “inconstitutionnelle”
Cela fait suite à une décision de la Cour suprême mexicaine : en 2021, la plus haute instance judiciaire du pays avait jugé inconstitutionnel un article du code pénal du Coahuila, dans le nord du Mexique. Les femmes ayant recours à l’interruption volontaire de grossesse pouvaient alors encourir jusqu’à trois ans de prison.
Le Mexique est un pays fédéral. Les 32 Etats qui le compose peuvent décider de leurs propres lois mais la Cour suprême a le pouvoir de les invalider. En 2023, la haute juridiction a réitéré ses déclarations par un vote unanime des magistrats : « La criminalisation de l’avortement constitue un acte de violence et de discrimination pour raison de genre ».
Douze États avaient déjà décriminaliser l’avortement. En 2007, Mexico est même la première juridiction du Mexique et d’Amérique latine à l’autoriser. Dans l’État de Puebla, réputé conservateur, l’Église Catholique a tenté de dissuader les députés de voter contre une réforme du Code pénal local. Mais le verdict est sans appel : 29 voix pour et 7 contre. Toutes les sanctions ont donc été levées ce lundi 15 juillet. « Toutes les femmes et les personnes en capacité de gestation pourront avoir accès à des avortements dans les institutions fédérales de santé », s’enthousiasme le Groupe d’information sur la reproduction choisie (Gire), qui avait notamment saisi la Cour suprême. Mais la guerre n’est pas gagnée. 18 États pénalisent encore l’avortement dans le pays.
Les droits et la santé des femmes en danger
La question de l’IVG scinde l’Amérique latine en deux. Si la Colombie, Cuba, l’Uruguay et l’Argentine l’ont légalisé, rien n’est jamais définitif. Depuis l’arrivée au pouvoir du candidat libéral d’ultra-droite Javier Milei, qui a plusieurs fois exprimé ses postions anti-avortement, tous les voyant sont au rouge en Argentine. Au Chili, l’IVG est illégale sauf en cas de danger pour la santé de la mère, de viol ou de malformation du foetus. Même situation au Brésil, où les femmes enceintes d’un viol qui décideraient d’avorter après 22 semaines de grossesse seraient passibles de peines supérieures à celles des violeurs. Au Venezuela, au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Haïti et en République dominicaine, l’avortement reste interdit.
Partout le droit à l’avortement est menacé. En 2021, les États-Unis font volte-face. Depuis 1973, l’arrêt Roe vs Wade garantissait le droit constitutionnel aux Américaines de pouvoir avorter. Le 24 juin 2022, la Cour suprême annule cet arrêt et laisse à chaque État la liberté de déterminer sa politique d’accès à l’IVG. 14 ont désormais pénalisé l’avortement dans leur juridiction locale. Le Texas l’interdit même en cas de viol. Résultat : de nombreuses Américaines se rendent au Mexique pour avorter. « On pensait qu’aux Etats-Unis, c’était un droit acquis. Et tout à coup, on découvre que les anti-avortement ont travaillé dans l’ombre pendant cinquante ans, et qu’ils ont réussi à faire annuler ce droit ! » déplore Verónica Cruz, membre du collectif Las Libres (« Celles qui sont libres ») dans un numéro d’Envoyé Spécial. Pour venir en aide à leurs voisines, les Mexicaines ont mis en place des réseaux de contrebande de pilules abortives.
Les militantes féministes s’acharnent à le répéter depuis des décennies : interdire l’IVG n’a jamais diminué le nombre d’avortements. Au contraire. Cela met en danger les femmes qui avortent dans des conditions dégradées et à risques.
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